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Voyage dans l’univers artistique d’Obama

envoyée spéciale à Washington DC. – Notre reporter Leela Jacinto est à Washington pour couvrir l'investiture du 44e président des États-Unis, Barack Obama, et voir quel l'accueil Washington réserve au nouveau chef de l'État. Lisez son carnet de route ci-dessous.


Lisez la suite du carnet de route de Leela Jacinto : "Le changement est arrivé au parc du National Mall"

Petite visite au National Portrait Gallery, dans le centre-ville de Washington DC. Un lieu très imposant dans lequel des portraits de présidents morts regardent les visiteurs déambuler. Le personnel de sécurité du musée aboie sur tous ceux qui attendent leur tour pour entrer dans le musée.

Celui qui a causé cette bousculade à l’entrée du musée semble indifférent au brouhaha et porte son regard vers l’avenir, accroché au-dessus d’un slogan : "Espoir".

Il n’y a pas un mètre carré de Washington qui n’ait succombé à l’Obamania. Même les plus vénérables institutions de la capitale. Le National Portrait Gallery a acquis tout récemment un portrait-icône de Barack Obama, peint par l’artiste Shepard Fairey dans le style de Warhol. 

C’est plutôt inhabituel. C’est le moins que l’on puisse dire. D’habitude, le musée n’accroche que les portraits des présidents dont le mandat a déjà pris fin. Les tableaux à l’effigie du président George W. Bush et de la "First Lady" Laura Bush ont été accrochés il y a seulement quelques semaines. Et voilà que le 44e président a déjà droit à cette faveur, avant même le début officiel de son mandat.

Il faut attendre patiemment dans une file d’attente pour avoir la chance de se faire photographier au bas dudit portrait.

“Mon Dieu, il faut que j’y arrive et après, j’me casse ”, grommelle une femme vêtue d’un somptueux manteau de vison, comme si elle se rendait au bal. En fait, elle y va pour de vrai. Monica Drake, âgée de 44 ans, a son billet d’entrée pour un cocktail suivi d’un dîner. "J’étais en train de m’y rendre quand j’ai vu ce portrait, explique-t-elle. J’ai juste envie de me faire prendre en photo devant cette affiche."

Tout cela m’échappe. En fait, Monica Drake possède son propre exemplaire de l’affiche de Fairey chez elle, dans sa petite localité de Put-in-Bay, dans l’Ohio. J’ai reçu un e-mail, dit-elle, en parlant de la campagne Obama sur Internet. Et je l’ai acheté pour 20 dollars."

VINGT DOLLARS ? Mais c’est du vol !
Fairey est un artiste installé à Los Angeles. Il a la cote dans le monde artistique qui gravite autour de l’élection d’Obama. Depuis quelques jours, Washington DC est devenue La Mecque de ce nouveau créneau du marché de l’art.

Dans une galerie du quartier huppé de Georgetown, une profusion d’œuvres d’art inspirées par Obama sont accrochées à l’entrée. La plupart de ces pièces sont assez réussies, d’ailleurs.

Une gigantesque reproduction du portrait d’Obama, version Fairey, accueille le chaland, tandis qu’un DJ mixe des airs de funk et de hip-hop. Cette soirée, baptisée "Manifest Hope" ("Manifestez de l'espoir"), a été conçue comme "une occasion de célébrer les artistes de tout le pays qui ont utilisé leurs voix pour motiver le mouvement ‘grassroots’ qui a mené le président Obama au pouvoir". Rien que ça !

Herb Williams, un artiste de 35 ans qui vient de Nashville, dans le Tennessee, sourit devant son œuvre d'art montrant le visage d'Obama devant un paysage des Etats-Unis, avec le message "Unite" ("Unifiez-vous"). L’œuvre a nécessité 50 000 crayons et a été créée en cinq mois. Le rouge, le bleu et le gris dominent la toile en référence aux couleurs des Etats américains, qui ont nourri la machine médiatique dans les semaines précédant l'élection du 4 novembre 2008.

"J'ai commencé ce tableau avant même qu'Obama ne devienne le candidat officiel du parti démocrate et je l'ai fini le matin de l'élection", explique Williams.

D’après ce que j’arrive à lire dans ses yeux, ça valait le coup d’y passer autant de temps. Cette œuvre a été vendue très vite. Pour une valeur de 25 000 dollars.

J'en perds mes mots. Les difficultés économiques actuelles ne semblent pas affecter les artistes - du moment qu’ils surfent sur la vague Obama. Avec des manières typiques d’une bonne éducation sudiste, Williams prend le temps de m'expliquer la situation. "En ce moment, me dit-il, le centre de l'univers de l'art est ici et tout ceci ne pourrait arriver qu'à Washington".