Cinq mois après le début de la pire catastrophe écologique aux États-Unis, le groupe BP doit sceller totalement ce samedi le puits de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique. L'écoulement de brut a cessé depuis le 15 juillet.
AFP - Le groupe BP était sur le point samedi de sceller définitivement le puits de pétrole responsable de la marée noire dans le golfe du Mexique, près de cinq mois après le début de la catastrophe dont les conséquences marqueront la région pendant encore de nombreuses années.
Si l'écoulement de brut a cessé le 15 juillet grâce à la pose d'un couvercle sur le puits endommagé, le colmatage entrepris par l'entreprise britannique doit permettre de le neutraliser une fois pour toutes et d'empêcher toute nouvelle fuite.
L'opération a également une forte portée symbolique cinq mois après le début de la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis.
Concrètement, la manoeuvre consiste à injecter dans le puits un mélange de matériaux et de ciment via un puits de secours.
"Nous nous attendons à ce que le puits MC252 (à l'origine de la pollution, ndlr) soit totalement colmaté samedi", a indiqué BP.
A la différence des opérations précédentes effectuées au niveau du sol sous-marin, à 1.500 mètres de profondeur, la cimentation a lieu au niveau du gisement, à 4.000 mètres sous le fond de la mer.
Le forage de deux puits de secours prévu dans le cadre de cette opération, baptisée "Bottom kill" (neutralisation par le fond), avait été lancé presque immédiatement après l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, suivie de son naufrage le 22 avril, BP tentant en parallèle par tous les moyens de stopper la fuite.
La condamnation du puits va clore un chapitre de cette marée noire qui a empoisonné la vie de nombreux Américains, pêcheurs et commerçants en tête, mis en péril l'écosystème fragile du golfe du Mexique, bouleversé l'agenda du président Barack Obama et coûté la tête du patron de BP, Tony Hayward.
Mais la région n'en a pas pour autant fini avec la pollution et la flore et la faune sous-marines touchées par le pétrole déversé pendant trois mois subiront les effets de la pollution pendant des années, voire des décennies, selon les autorités américaines.
Le volet judiciaire et financier de l'affaire promet également de multiples rebondissements.
Alors que les investigations se poursuivent pour faire la lumière sur les causes de l'accident, BP a montré qu'il comptait se défendre bec et ongles, clamant à l'issue d'une enquête interne que les torts étaient partagés et pointant du doigt les autres compagnies travaillant sur la plate-forme, comme Transocean ou Halliburton.
Le géant britannique a déjà lâché quelque 8 milliards de dollars depuis le début de la catastrophe. Il a également accepté de créer un fonds de 20 milliards de dollars consacré à l'indemnisation des victimes.
Mais l'administration Obama ne semble pas vouloir en rester là et n'excluerait pas de poursuivre BP en vertu de la loi américaine sur la propreté de l'eau, lui permettant de réclamer au moins 1.100 dollars par baril, soit plus de 5 milliards de dollars.
L'affaire a aussi des conséquences pour l'ensemble du secteur, le golfe du Mexique étant le pilier de l'extraction pétrolière américaine et produisant, selon une étude, un quart du pétrole et du gaz consommés dans le pays.
L'administration Obama a dévoilé mercredi une nouvelle réglementation forçant les compagnies pétrolières présentes dans la zone à boucher les puits inactifs de manière définitive et à démonter les plate-formes à l'abandon.
Quelque 3.500 puits inactifs sont actuellement uniquement obturés par des valves de sécurité bien moins fiables que des couvercles définitifs.
Depuis le début du forage dans le golfe du Mexique en 1947, 40.000 puits ont été creusés.