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Les Afghans sont appelés à désigner leurs députés malgré les attaques talibanes. Des roquettes ont été tirées à Kaboul, dans l'est et le nord du pays. Au moins 10 personnes ont été tuées depuis l'ouverture des bureaux de vote.

AFP - Les Afghans votaient samedi pour élire leurs députés dans un scrutin sous la menace des talibans et marqué, juste avant l'ouverture des bureaux de vote, par des tirs de roquettes à Kaboul et dans l'est et le nord.

Il s'agit des secondes élections législatives depuis la chute des talibans fin 2001. Elles interviennent un après une présidentielle calamiteuse entachée de fraudes massives essentiellement au profit du président Hamid Karzaï, finalement réélu.

Plus de 10,5 millions d'Afghans sont appelés aux urnes pour choisir leurs 249 députés

Les élections en chiffres
  • Deuxièmes législatives depuis 2001
  • Plus 10,5 millions d'électeurs appelés aux urnes
  • 2 500 candidats
  • 249 députés
  • 68 sièges réservés aux femmes
  • 9 menaces sur 10 concernent des femmes
  • 6835  bureaux de vote
  • 1000 pourraient être fermés pour raison de sécurité

à l'Assemblée nationale parmi plus de 2.500 candidats. 68 sièges sont réservés à des femmes.

Outre la menace des talibans d'attaquer les bureaux de vote, les candidats, les organisateurs du scrutin et tout électeur qui n'aura pas obéi à leur ordre de boycotter les élections, deux sujets inquiètent la communauté internationale, qui soutient financièrement et militairement depuis la fin 2001 le régime de M. Karzaï: le taux de participation et les fraudes.

Une roquette a été tirée à l'aube sur le centre de commandement de la force de l'Otan (Isaf), dans le centre de Kaboul, a annoncé une de ses porte-parole.

"Il n'y a eu ni dégâts, ni victimes", a-t-elle précisé.

Six roquettes sont également tombées sur Jalalabad (est) sans faire de victimes, selon Abdul Ghafor, le porte-parole de la police locale.

Deux personnes ont été blessées dans une attaque contre un bureau de vote dans l'est du pays.

La veille du scrutin, les talibans avaient enlevé 18 personnes --10 partisans d'un candidat et huit fonctionnaires de la commission électorale chargée d'organiser le scrutin-- dans le nord-ouest. Parallèlement, un candidat a été kidnappé à l'ouest de Kaboul.

A Kandahar, le berceau des talibans, dans le sud, les bureaux de vote ont ouvert à l'heure, mais peu d'Afghans avaient voté une heure après. Toutes les routes de la ville ont fermées aux véhicules pour des raisons de sécurité.

Dans la province de Kunduz, une région du nord où les talibans sont de plus en plus actifs, un bureau de vote a été attaqué par des insurgés durant la nuit, mais la police et l'armée ont repoussé les assaillants, selon le gouverneur Mohammad Omar.

Des roquettes ont également été tirées sur la ville de Kunduz sans toutefois faire de victimes, selon la police.

"Je veux que la corruption soit éradiquée. Je viens voter en espérant que cela aidera à l'instauration de l'état de droit", disait Jahan Zaïb, un homme de 55 ans devant un bureau de vote à Jalalabad.

En sus de la sécurité, préoccupation majeure des autorités qui, avec les forces internationales, disposent de 400.000 soldats et policiers prêts à intervenir en cas d'attaques, les observateurs craignent des irrégularités.

En votant samedi dans une école à deux pas de son palais présidentiel, M. Karzaï a espéré "qu'il y aura un taux de participation élevé, que les gens se déplaceront et voteront pour une personne, homme ou femme, sans subir de pression".

Mais vendredi il avait reconnu qu'il fallait s'attendre à des "irrégularités".

Ces derniers jours, plusieurs milliers de fausses cartes d'électeurs ont été saisies à Kaboul et dans deux provinces, selon les services secrets afghans.

Quelques heures avant l'ouverture des bureaux la Maison Blanche a reconnu que les élections législatives se tenaient sur fond de "graves inquiétudes sur la sécurité" mais assuré que les Afghans avaient mis en place les ingrédients d'une consultation "couronnée de succès".

Les Etats-Unis sont le principal bailleur de fonds de l'Afghanistan et plus des deux tiers des quelque 150.000 soldats des forces internationales sont américains.

La future composition de cette Assemblée nationale ne changera pas fondamentalement la donne dans un pays où le président concentre l'essentiel des pouvoirs et ne peut se maintenir sans la présence des soldats étrangers.