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Obama condamne le projet "destructeur" visant à brûler des exemplaires du Coran

Barack Obama a condamné l'initiative prise par un pasteur de Floride qui entend brûler des exemplaires du Coran à l'occasion de l'anniversaire des attentats du 11-Septembre. Il emboîte ainsi le pas à de nombreux responsables internationaux.

En raison du caractère insultant de certains propos publiés sur cette page, France 24 a décidé d'en fermer provisoirement les commentaires.

AFP - Un petit groupe intégriste chrétien de Floride a réaffirmé son intention de brûler quelque 200 exemplaires du Coran malgré les mises en garde du monde entier qui se multipliaient jeudi, notamment sur d'éventuelles réactions violentes des musulmans.

Des condamnations sont venues en cascade des plus hauts responsables américains, du

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Obama condamne le projet "destructeur" visant à brûler des exemplaires du Coran

Vatican, du monde islamique et d'autres dirigeants du monde, mais le petit groupe intégriste campe sur ses positions.

Le pasteur Terry Jones du "Dove World Outreach Center" ("Centre colombe pour aider le monde") a affirmé mercredi qu'il ne reculerait pas: "Au moment où je vous parle, nous n'avons aucune intention d'annuler".

"Le temps est venu pour nous de nous tenir debout pour combattre le terrorisme", a ajouté ce pasteur à la moustache et aux cheveux blancs, auteur d'un livre intitulé "L'islam est diabolique".

Le pasteur Jones s'est entretenu mercredi dans son église avec un imam de Floride.

Selon le Gainesville Sun, l'imam Muhammad Musri s'est entretenu pendant 40 minutes avec le pasteur: "Le monde admirera votre courage si vous dites: En raison de ma dévotion envers le Christ et la Bible, je vais faire ce qui est la bonne chose à faire", a déclaré l'imam au pasteur, selon le quotidien. "Je suis persuadé que, finalement, il prendra la bonne décision et qu'il annulera cet événement", a-t-il déclaré après la rencontre.

Interpol avertit ses membres de probables attaques

AFP - L'organisation de coopération policière Interpol a lancé jeudi une "alerte globale" à ses 188 pays membres, mettant en garde contre la "forte possibilité d'attaques violentes", en raison du projet d'un groupe intégriste chrétien américain de brûler des exemplaires du Coran.

L'autodafé prévu ne peut être interdit en soi, le premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté d'expression.

Les exemplaires du Coran doivent être brûlés le 11 septembre, jour anniversaire des attentats de 2001, vers 18H00 (22H00 GMT) à Gainesville (Floride, sud-est).

Mercredi, la municipalité de Gainesville a étudié sa réponse à la manifestation. Un porte-parole, Bob Woods, a indiqué à l'AFP qu'en brûlant le Coran, les responsables de la communauté religieuse violeraient l'article municipal 10-63 qui interdit les feux en plein air et risqueraient une amende de 250 dollars. Des arrestations pourraient survenir. "Cela dépendra de ce qui se passera après l'intervention des pompiers et de la police de Gainesville pour éteindre le feu".

L'autodafé prévu ne peut être interdit en soi, le premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté d'expression.

L'initiative du petit groupe, qui réunit une cinquantaine de membres, est censée glorifier le souvenir des victimes des attentats du 11-Septembre. Elle survient à un moment particulièrement sensible, alors que les musulmans doivent célébrer autour du 10 septembre la fin du ramadan et que les autorités aux Etats-Unis craignent une montée du sentiment antimusulman.

Le projet d'installation d'un centre musulman près de Ground zero, site des attentats du 11 septembre à New York, suscite de vives réactions. De plus en plus d'Américains pensent que le président Barack Obama est musulman, selon des sondages, alors qu'il affiche sa foi chrétienne.

"On assiste à une puissante vague de rhétorique antimusulmans dans notre société, qui a conduit à un grand nombre d'incidents racistes visant des mosquées et des musulmans à travers le pays", explique Ibrahim Hooper, du Conseil sur les relations américano-musulmanes.

Fondé en 1986 à Gainesville, le "Dove World Outreach Center" suit une ligne intégriste, dénonçant l'avortement et l'homosexualité et accusant l'islam de vouloir dominer le monde.

En réaction, les autorités américaines disent craindre pour la vie de leurs soldats en Afghanistan. Le département d'Etat a souligné l'isolement du "très petit groupe" à l'origine du projet.

L'égérie du "Tea Party" (ultra-conservateur, très religieux), Sarah Palin, ancienne candidate républicaine à la vice-présidence, condamne une "provocation inutile".

Le Vatican dénonce "un geste de grave offense envers un livre considéré comme sacré par une communauté religieuse".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon estime qu'un tel acte ne peut être soutenu "par aucune religion".

En Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, le président Bambang Yudhoyono a demandé instamment jeudi à Barack Obama d'empêcher l'initiative du pasteur Jones.

Le projet a suscité de vives réactions au Moyen-Orient. L'Iran assure que sa réalisation provoquera des réactions "incontrôlables".

L'institution sunnite d'Al-Azhar au Caire, traditionnellement modérée, estime que "si le gouvernement (américain) ne parvient pas à l'arrêter (...) cela ruinera les relations de l'Amérique avec le monde musulman" et "constituera une opportunité pour le terrorisme".