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"Le rapport de BP frise l'indécence"

Anne Valette, chargée de campagne Climat au sein de Greenpeace France, juge les conclusions de BP avec sévérité et colère. Elle regrette notamment que le groupe britannique n’ait pas reconnu de faute grave.

BP reconnaît une part de responsabilité dans la catastrophe de Deepwater. Est-ce que cela répond à vos attentes ?
Anne Valette : Greenpeace est extrêmement choqué que BP ne reconnaisse pas avoir

commis de faute grave. Certes, le pétrolier accepte une part de responsabilité, mais si le fait d'être à l’origine de la pire marée noire de l’histoire n’est pas une faute grave, je me demande vraiment ce qu’il faut faire pour "mériter" cette qualification.

Dans ledit rapport, BP explique n’être pas le seul responsable de la marée noire et cite certains partenaires…
A.V. BP frise l’indécence et cette démarche est puérile. Il m’intéresse moins de savoir si telle société est responsable à 10% - et telle autre à plus - que de voir BP faire un véritable mea culpa. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra sortir de cette fuite en avant en ce qui concerne les pétroles non conventionnels - comme les forages offshore profonds, voire très profonds. L’enquête de BP ne remet pas du tout en cause ces pratiques à hauts risques. Je tiens d'ailleurs à rappeler qu’après l'épisode du golfe du Mexique, des forages offshore profonds et très profonds (*) se développent en Arctique, avec un écosystème d’une fragilité extrême.

Que pensez-vous des mesures proposées pour renforcer la sécurité et éviter toute nouvelle catastrophe de ce type ?
A.V. Pour Greenpeace, la seule manière d’éviter une nouvelle catastrophe serait l’abandon de ces forages à hauts risques et, plus globalement, de sortir du pétrole d’ici à 2050. Maintenant, j’ai envie de dire que c’est bien aimable à BP de venir dispenser la bonne parole avec des propositions pour tout le secteur, mais le groupe n'est pas en position idéale pour jouer les donneurs de leçon. Il ne faut pas se laisser tromper. L’enquête montre que BP mise sur l’oubli et l’indifférence que le temps pourrait générer : on partage les responsabilités, on dit "pardon" et on continue comme si de rien n’était en tentant "si possible" de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

(*) Concerne des nappes de pétrole qui se situent sous couche de sel à plus de 1 000 voire 2 000 mètres sous l'eau.