Avant la présentation du projet de loi sur la réforme des retraites, les députés se sont livrés à une séance houleuse de questions au gouvernement. Le groupe communiste a notamment provoqué une brève suspension de séance.
Le 7 septembre n’aura pas été agité seulement dans la rue. Le projet de loi sur la réforme des retraites a également "secoué" l’Assemblée nationale. La séance de questions au gouvernement a ainsi été rythmée par les invectives, les huées, les applaudissements et une suspension de séance.
L'opposition ouvre les hostilités dès le début de la séance de questions au gouvernement, en début d’après-midi, contre le projet de loi. En l’état, celui-ci prévoit notamment le report de 60 à 62 ans de l'âge légal du départ, en 2018, et le relèvement de 65 à 67 ans de l'âge permettant d'obtenir une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés.
Le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, gonflé à bloc par le nombre important de manifestants battant le pavé au même moment pour réclamer l’abandon du projet de loi sur les retraites, attaque, sous les huées : "J’accuse le gouvernement de ne pas avoir joué sincèrement le jeu de la négociation avec les syndicats et les partis d’opposition. Dans aucun pays la réforme des retraites n’a été conduite sur une période aussi courte et avec aussi peu de dialogue social."
En face, le gouvernement tient à montrer toute sa détermination, malgré la forte mobilisation de la rue. Le Premier ministre François Fillon prend le micro pour expliquer qu’en proposant l'âge de 62 ans, le gouvernement effectue un choix "raisonnable" et surtout "incontournable". Le chef du gouvernement attaque ensuite directement le Parti socialiste, l'accusant de manquer de "crédibilité" sur le sujet.
"La gauche n’a jamais tenu un seul des engagements qu’elle a pris sur l’abrogation de nos réformes", a-t-il déclaré dans le brouhaha général, arguant que l'opposition n'avait par exemple jamais proposé de revenir sur la précédente réforme, votée en 2003.
"Staliniens ! Fascistes !"
Le ministre du Travail, Eric Woerth, se voit adresser la deuxième question. Fragilisé depuis plusieurs semaines par les soupçons de trafic d'influence pour des liens avec le gestionnaire de la fortune de l'héritière du groupe L'Oréal, Liliane Bettencourt, il reçoit l'ovation des députés de droite.
Dès la fin de son intervention, les députés du groupe communiste mettent à exécution leur "plan". Comme un seul homme, ils quittent les bancs de l’Assemblée pour aller déposer aux pieds de François Fillon et des ministres présents des paquets de pétitions signées cet été contre la réforme. "Staliniens ! Fascistes !", hurlent alors les députés de la majorité. Pour calmer tout le monde, le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, suspend brièvement la séance.
La séance reprend quelques minutes plus tard pour encore trois quarts d’heure animés. Le dossier des retraites aura monopolisé la séance, avec pas moins de 11 sur 15 questions au gouvernement concernant la réforme à venir.
Cette séance ouvrait deux semaines de débats au cours desquelles les députés doivent notamment se pencher sur quelque 700 amendements déposés. Le gouvernement, qui espère un vote fin octobre, est prévenu. Il va falloir s'armer de patience...