Sous fond de crise, l'industrie française de la musique se réunit, ce week-end, à Cannes pour sa rencontre annuelle, le Midem. À l'image du secteur, le nombre de participants à la manifestation est en baisse.
AFP - Déjà éprouvée par un effondrement tenace des ventes, l'industrie musicale française va se réunir au Midem dans un contexte morose puisque la crise financière mondiale entraîne une baisse d'affluence à sa grand messe annuelle, qui débute ce week end à Cannes (sud de la France).
"Il y aura moins de monde cette année. On est dans une industrie en crise depuis plus de cinq ans, avec par dessus la crise mondiale", reconnaît Dominique Leguern, la directrice du Marché international du disque et de l'édition musicale, sans préciser l'affluence attendue (9.000 participants en 2008).
Le 43e Midem aura lieu de dimanche à mercredi. Il sera précédé samedi par le 10e MidemNet, consacré aux nouvelles technologies et largement dédié à la création de revenus via la relation entre les artistes et leurs fans.
Comme tous les ans depuis 2002, les ventes de musique ont poursuivi leur dégringolade en 2008, énième vague d'une crise née de la révolution numérique et, selon les producteurs, du piratage sur internet.
En France, le marché de gros a chuté de 15% --600 millions d'euros contre 1,3 milliard en 2002-- selon le Snep, le principal syndicat de producteurs hexagonaux. Ceux-ci attendent ardemment l'adoption de la loi antipiratage, qu'ils espéraient déjà l'an passé.
La crise se poursuit car les ventes numériques, sur internet et les téléphones mobiles, ne compensent toujours pas l'effondrement du CD. Mais 2009 pourrait être une année clé.
Apple vient d'annoncer qu'il allait supprimer les verrous numériques de la musique vendue sur sa plateforme iTunes, en vertu d'accords avec les maisons de disques. Les morceaux pourront alors être lus sur tous types d'appareils et non plus uniquement les baladeurs iPod d'Apple.
Cela pourrait augurer la fin de ces verrous dans l'ensemble du marché et donc la libre circulation de la musique sur différents supports. Une maniabilité qui, paradoxalement, n'était auparavant permise que par les sites dits "pirates".
De plus, Apple va renoncer à son prix unique (99 cents le morceau), modèle autour duquel le marché du téléchargement s'était organisé, au profit d'une tarification triple.
Reste à savoir si ces annonces, certes importantes, suffiront à doper les achats de musique à l'acte. Les autres modèles, le téléchargement illimité par abonnements ou l'écoute gratuite financée par la publicité, tardent à concrétiser les espoirs placés en eux.
Phénomène conjoncturel ou signe avant-coureur? 2008 a été une bonne année pour le marché du disque en Grande-Bretagne grâce aux progrès du téléchargement légal, avec un nombre record de singles vendus (115 millions sur CD, internet ou vinyle).
Seule certitude dans un secteur déboussolé: la coexistence à l'avenir de plusieurs modèles économiques, et non d'un seul, pour remplacer l'ancien système, la vente de CD aux consommateurs. D'où l'importance pour les maisons de disques de diversifier leurs revenus, via les concerts, l'image des artistes ou le partenariat avec des marques.
Preuve de ce brouillage des frontières, le fabricant de téléphones multimédia BlackBerry viendra pour la première fois au Midem. Il lance un modèle à écran tactile avec l'ambition de concurrencer l'iPhone d'Apple, y compris sur le terrain du téléchargement de musique.