
Le Tribunal de première instance de Lisbonne, qui devait rendre vendredi son verdict dans le procès du scandale pédophile de la Casa Pia, a annoncé qu'il considére comme "prouvés" plusieurs des crimes sexuels qui ont été imputés aux sept accusés.
AFP - Un tribunal de Lisbonne devait rendre vendredi son verdict dans le procès du scandale pédophile de la Casa Pia, après avoir annoncé dans la matinée qu'il considérait comme "prouvés" plusieurs crimes sexuels imputés aux sept accusés.
Dans leur exposition des "faits considérés comme prouvés", les juges du tribunal de première instance ont décrit dans le détail des dizaines de situations d'abus sexuels et prostitution commis sur 32 mineurs de la Casa Pia, une institution publique accueillant des jeunes et des enfants en difficulté.
Les accusés "sont tous concernés par des faits considérés comme prouvés", a déclaré à l'AFP Me Miguel Matias, avocat des victimes, sans pouvoir toutefois préciser de combien de crimes chacun pourrait être reconnu coupable.
Extrêmement tendu, Ricardo, une des victimes présentes vendredi dans la salle d'audience pleine à craquer, a préféré se fondre dans le public plutôt que s'asseoir dans le box qui lui était réservé. Lorsque le tribunal a énuméré les abus qu'il a subis et les a considérés comme "prouvés", il n'a pu contenir ses larmes.
"Ils ont détruit ma vie. Il fallait que je sois là aujourd'hui", a expliqué à l'AFP cet homme de 27 ans, qui a fait le déplacement depuis la France, où il vit depuis quatre ans.
Les avocats des différentes parties n'ont pas voulu réagir tant que le verdict de ce procès, dont la lecture a commencé vendredi matin à 09H45 GMT en présence de tous les accusés et de six victimes, n'était pas terminé.
"Nous ne pouvons pas réagir tant que la conclusion n'est pas connue", a déclaré aux médias Paulo Sa e Cunha, avocat de Hugo Marçal, l'un des accusés.
Le scandale de la Casa Pia a éclaté fin 2002, lorsqu'un interne de cette institution publique accueillant des jeunes et des enfants en difficulté a affirmé à la presse avoir été violé par un employé.
La loi du silence brisée, des dizaines d'autres pensionnaires et anciens élèves de la Casa Pia ont dénoncé l'existence d'un réseau pédophile et impliqué plusieurs personnalités médiatiques et politiques, dont certaines ont été blanchies depuis.
L'ancien chauffeur et jardinier de la Casa Pia, Carlos Silvino, qui répond à lui seul de plus de 600 crimes d'abus sexuels et incitation à la prostitution, s'est alors retrouvé au centre d'un procès hors normes, au cours duquel près de 1.000 témoins et experts ont été entendus, devenu le symbole des défaillances du système judiciaire portugais.
A ce jour, il est le seul à avoir reconnu les faits, expliquant ses agissements par le fait qu'il avait lui-même été violé à l'époque où il était à la charge de la Casa Pia. Comme ses co-accusés, il comparaît libre, les délais légaux de la détention préventive ayant expiré depuis 2005.
En plus de M. Silvino, comparaissent un ancien présentateur vedette de la télévision portugaise, un ancien responsable de la Casa Pia, un ex-ambassadeur, un avocat, un médecin et la propriétaire d'une maison du sud-est du Portugal où, selon les victimes, se tenaient des "orgies".
Ils n'ont pour leur part jamais cessé de clamer leur innocence et promettent de continuer à le faire, quelle que soit la décision des juges. "Ceci n'est qu'une étape, car nous pourrons toujours faire appel", a fait valoir Antonio Serra Lopes, avocat de l'ex-présentateur de télévision Carlos Cruz.
Le procureur a requis la condamnation des sept accusés à une peine non inférieure à cinq ans, synonyme de prison ferme.