
En provenance d'Irak, le secrétaire américain à la Défense est arrivé à Kaboul, ce jeudi. Une visite qui intervient alors que le président afghan Hamid Karzaï accuse ses alliés occidentaux d'avoir commis une nouvelle bavure dans le nord du pays.
REUTERS - Le président afghan Hamid Karzaï a fermement condamné jeudi un raid aérien des forces étrangères dans le nord de l'Afghanistan qui a, selon lui, coûté la vie à dix membres de l'équipe de campagne d'un candidat aux élections législatives du 18 septembre.
Le raid en question et la réaction du chef de l'Etat ont jeté une ombre sur la visite dans le pays du secrétaire américain à la Défense, à un moment où les pertes civiles suscitent de vives tensions entre Kaboul et ses alliés occidentaux.
Robert Gates est arrivé dans la capitale afghane en provenance d'Irak où il a assisté aux cérémonies organisées pour la fin des opérations de combats du contingent américain.
Avec le retrait des dernières unités combattantes d'Irak, l'attention se concentre désormais sur le front afghan, où l'insécurité a atteint un niveau sans précédent depuis le renversement du régime taliban fin 2001, malgré le déploiement de 150.000 militaires étrangers.
Lors d'une conférence de presse commune, Gates et Karzaï ont donné des versions différentes du raid dans la province de Takhar mais le président afghan a utilisé des termes moins violents que ceux de son premier communiqué.
Selon les Américains, l'attaque visait un chef du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), un groupe lié à Al Qaïda et responsable de plusieurs attentats, notamment à Kaboul.
"La nature exacte de l'opération et la présence de personnalités ou de militants du Mouvement islamique d'Ouzbékistan restent à établir. Mais ce que nous savons, c'est qu'un candidat aux législatives a été blessé et que dix personnes ont été tuées", a déclaré Hamid Karzaï.
"TIR DE PRECISION" ?
Robert Gates a dit ne pas connaître les détails de l'affaire mais a répété que c'était bien un dirigeant du MIO qui avait été pris pour cible et tué. Quant à d'éventuelles pertes civiles, il a souligné que des investigations allaient être menées.
Le secrétaire à la Défense a également rencontré le général David Petraeus, commandant du corps expéditionnaire américain et des forces de l'Otan en Afghanistan, ainsi que l'ambassadeur des Etats-Unis, Karl Eikenberry. Il devait aussi se rendre auprès de soldats américains.
Le raid controversé de jeudi a été mené dans le district de Rostag, non loin du Tadjikistan, selon un représentant du gouverneur. Cette région a jusqu'ici été relativement épargnée par les actes de guérilla qui se multiplient dans le Sud et l'Est.
"Le président de la République islamique d'Afghanistan (...) condamne fermement cette attaque, disant que les bombardements aériens de villages afghans ne feront que causer la mort de civils et ne seront d'aucune efficacité dans la lutte contre le terrorisme", peut-on lire dans le premier communiqué d'Hamid Karzaï.
Un communiqué de l'Otan diffusé pratiquement au même moment a fait état d'un tir de précision en direction d'un dirigeant du MIO qui se déplaçait dans un convoi de six véhicules.
Selon les premières informations, ce tir a fait entre huit et 12 victimes, morts et blessés confondus, dont un chef taliban, précise l'Alliance.
"Nous sommes au courant des allégations selon lesquelles cette frappe a fait des pertes civiles et nous ferons de notre mieux pour passer ces accusations au crible", a déclaré le général David Garza, du corps des "marines".
"Ce que je peux dire, c'est que ces véhicules ne se trouvaient pas à proximité d'une zone habitée et nous sommes convaincus que ce tir n'a touché que le véhicule visé après plusieurs jours de surveillance des activités des occupants", a-t-il ajouté.