
Réunis à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont affirmé leur volonté de relancer les négociations directes, interrompues depuis fin 2008.
Après une première entrevue hier soir à la Maison Blanche, les négociations entre Israéliens et Palestiniens sont actuellement en cours au département d’État américain.
Mercredi soir, le président des États-Unis Barack Obama les a appelés à saisir une "chance" de conclure la paix. "Comme je l'ai dit à chacun d'eux aujourd'hui, cette occasion ne se représentera peut-être pas avant longtemps. Ils ne peuvent pas se permettre de la laisser passer", a-t-il déclaré, après avoir reçu successivement dans l’après-midi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le président palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Hosni Moubarak.
Pour ce premier contact à Washington, chacun des acteurs a fait preuve de bonne volonté. En se serrant chaleureusement la main à l’issue de leurs allocations respectives dans la salle d’apparat de la Maison Blanche, Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas ont offert une image médiatique de conciliation.
La date butoir du 26 septembre
Pourtant réputé pour sa ligne dure, le Premier ministre israélien a affirmé être prêt à un "compromis historique". Il a dit vouloir mettre fin "une fois pour toutes" au conflit israélo-palestinien afin de parvenir à une "paix qui durera des générations" malgré "les sceptiques". Benjamin Netanyahou est allé jusqu'à qualifier le président palestinien de "partenaire pour la paix".
Mahmoud Abbas a également estimé possible de conclure un accord de paix avec l'État d'Israël dans un délai d'un an, et condamné les récentes attaques contre des colons juifs en Cisjordanie. Mais, comme Hosni.Moubarak avant lui, il a exhorté les Israéliens à geler toute construction dans les colonies en Cisjordanie. Ce gel "n'est pas une condition préalable", mais l'application d'un accord passé avec les Israéliens, a-t-il ajouté.
La question des colonisations apparaît comme l’un des principaux obstacles aux négociations. Chacun a en tête le 26 septembre, date à laquelle le moratoire sur le gel de la construction de colonies juives en Cisjordanie prend théoriquement fin.
Pour Jean-Paul Chagnollaud, directeur de la revue Confluences Méditerranée et spécialiste de la question palestinienne, "le dossier des colonies est essentiel, mais il s’agit d’un dossier parmi tant d’autres". "D’autant plus que l’on connaît à peu près les éléments de réponse à cette question. Les colonies les plus importantes seraient annexées à l’État d’Israël, et il faudrait qu’il y ait un échange territorial", résume-t-il.
itMarges de manœuvre
"Me paraît plus essentielle une certaine évolution dans la mentalité des dirigeants de la droite israélienne, qui comprennent bien que l’avenir du pays n’est pas dans l’occupation des territoires fondamentalement palestiniens", estime Jean-Paul Chagnollaud.
Reste à déterminer les marges de manœuvre des principaux protagonistes. Pour Gallagher Fenwick, correspondant France 24 à Jérusalem, celle de Benjamin Netanyahou "est très limitée, il est pris en étau entre les Palestiniens qui menacent de quitter la table des négociations si les constructions reprennent le 26 septembre, et les colons qui font pression ne donnant pas très cher de son avenir politique s’il prolonge le moratoire".
En outre, les récentes attaques revendiquées par la branche armée du Hamas risquent de durcir la position de Benjamin Netanyahou, son gouvernement de coalition dépendant fortement de partis pro-colonisation.
Mahmoud Abbas est quant à lui politiquement affaibli par le clivage, entre Palestiniens, qui découle de la prise de la bande de Gaza par le Hamas en 2007. Il risque de voir son image en pâtir s'il poursuit les négociations alors que la colonisation reprend en Cisjordanie.
Les déclarations de bonne intention d’hier, et surtout l’engagement de Barack Obama, qui a fait de la paix au Proche-Orient l’un de ses chevaux de bataille, ont fait cependant naître un petit espoir, même chez les plus sceptiques.
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