Le président Barack Obama va prononcer un discours marquant la fin de la mission de combat des troupes américaines, après sept ans de présence. Les militaires quittent un pays où les violences se poursuivent, et qui s'enfonce dans la crise politique.
AFP - Les forces américaines en Irak achèvent officiellement mardi leur mission de combat, sept ans après l'invasion, mais le vice-président américain Joe Biden en visite à Bagdad tente encore de convaincre les dirigeants irakiens de sortir leur pays de la crise politique.
Plus de sept ans après la chute de l'ex-dictateur Saddam Hussein, la situation est encore loin d'être stabilisée en Irak, où aucun nouveau gouvernement n'a été formé à la suite des élections du 7 mars, et où les groupes insurgés ont démontré ces dernières semaines leurs capacités opérationnelles.
"Ca va aller pour nous, et ça va aller pour eux", a brièvement déclaré lundi soir M. Biden à son arrivée à Bagdad aux journalistes qui l'interrogeaient sur le regain de violences.
Comme il s'y était engagé peu après son investiture en janvier 2009, le président Barack Obama annoncera officiellement mardi soir (minuit GMT) la fin de la mission de combat de ses troupes en Irak lors d'un discours prononcé dans le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison blanche.
Il devrait également s'entretenir au téléphone avec son prédécesseur, George W. Bush, qui, avec le soutien de plusieurs pays, avait pris la décision controversée d'envahir l'Irak en mars 2003.
L'armée américaine organise elle, mercredi, en présence de M. Biden, une cérémonie pour marquer le début d'une nouvelle étape de sa présence en Irak, l'opération dite "Aube nouvelle" ("New Dawn"), dans le cadre de laquelle les 50.000 militaires américains restant dans le pays travailleront essentiellement à l'entraînement des forces de sécurité locales.
En attendant, le vice-président américain, dont c'est la sixième visite en Irak depuis janvier 2009, doit rencontrer les principaux dirigeants irakiens, notamment les chefs des deux principales listes au Parlement, le Premier ministre Nouri al-Maliki et l'ex-chef du gouvernement Iyad Allawi, dont les ambitions sont souvent citées parmi les raisons du blocage actuel.
Les législatives n'ont donné à aucun parti la capacité de gouverner seul.
"L'urgence de la formation d'un gouvernement se fait de plus en plus sentir, et il est certain que le vice-président exhortera les dirigeants (irakiens) à conclure ce processus", a déclaré lundi soir aux journalistes à Bagdad Tony Blinken, conseiller de M. Biden pour la sécurité nationale.
Il a estimé que l'intérim assuré par le gouvernement sortant n'était "pas une solution durable".
"Sans un gouvernement élu, il va être difficile pour l'Irak de régler les grandes questions qui demeurent", a-t-il ajouté.
Malgré la fin de la mission de combat, aucune manifestation de joie n'est attendue dans les rues irakiennes, contrairement à ce qui avait été observé fin juin 2009 lorsque les forces américaines s'étaient retirées des villes irakiennes.
Dans un contexte politique incertain à Bagdad, beaucoup d'Irakiens accueillent avec appréhension le départ progressif des forces américaines, ont compté jusqu'à 170.000 hommes en 2007, craignant que leur police et leur armée ne soient pas encore prêtes pour assumer seules la sécurité.
Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a même jugé récemment prématuré le retrait américain, exhortant les Etats-Unis à demeurer dans son pays jusqu'à ce que l'armée soit complètement prête en 2020.
M. Obama a quant à lui affirmé dimanche à NBC que le niveau de violences était "de plus en plus bas" et que les forces de sécurité irakiennes fonctionnaient bien.
Il a estimé que les Irakiens traversaient des difficultés politiques "naturelles dans une démocratie qui débute".
Plus d'un million de militaires américains ont été déployés en Irak depuis 2003 et quelque 4.400 y ont perdu la vie.