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Antonio Ferrara fait son retour devant les Assises de Paris

Le "roi de la belle" est jugé en appel pour son évasion spectaculaire de la prison de Fresnes en 2003. Devenu un symbole du grand banditisme, il se refuse pourtant à endosser le rôle de personnage public et médiatique.

C’est un personnage bien connu des magistrats et des policiers qui repasse, ce mardi, devant les Assises de Paris. Antonio Ferrara est jugé en appel avec sept autres accusés pour son évasion spectaculaire de la prison de Fresnes, en mars 2003.

Un temps l’un des hommes les plus recherchés de France, jusqu'à son arrestation quatre mois plus tard dans un café parisien, Antonio Ferrara se refuse pourtant à devenir un personnage médiatique de grand bandit. A l’inverse d’un Jacques Mesrine dans les années 70 par exemple, politique et revanchard à souhait.

"Lui n’est pas dans le mythe Scarface, c’est un bosseur, un sérieux, pas un parrain. Il est en définitive très pro dans son type d’activité, la délinquance", témoigne Matthieu Suc, journaliste à France Soir, qui a co-écrit avec Brendan Kemmet "Antonio Ferrara, le roi de la belle", paru aux éditions Le Cherche-Midi.

"Tous ceux qui l’ont côtoyé le décrivent comme quelqu’un de plutôt sympathique, d’un commerce agréable. Il a une vraie politesse à l’italienne", poursuit le journaliste. Né dans le sud de l’Italie le 12 octobre 1973, Ferrara a émigré en France avec sa famille à l’âge de 10 ans. Il passe son adolescence à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne.

A 16 ans, il s'oriente vers une formation de maçonnerie. Après plusieurs années de petits boulots, il écope, à 21 ans, d’un premier court séjour en prison pour outrage et rébellion envers des agents de police.

Le saut dans le grand banditisme se fait après qu’il a été mêlé à la tentative de meurtre d’un truand, en 1996. Antonio Ferrara se lance alors dans le vol à main armée pour financer son train de vie de fugitif, loin de l'appartement familial. Il est arrêté en 1997.

Il s'échappe de prison une première fois, s'ensuit alors une longue cavale (1998-2002) durant laquelle il devient un véritable professionnel du braquage, et en particulier de l’explosion de parois blindées. C’est sa seconde évasion en 2003, pour laquelle il a été condamné une première fois en Assises à 17 ans de prison, qui lui vaut de comparaître aujourd’hui.

"Pour Ferrara, l’enjeu de ce procès est avant tout de faire tomber l’accusation de complicité de meurtre de surveillants pénitentiaires pour faire baisser la note", explique Matthieu Suc, qui anticipe un climat plus serein et sans doute moins médiatique. Plusieurs incidents de séance avaient émaillé le procès en première instance, Ferrara refusant notamment de comparaître au cours d’une procédure qu’il jugeait "inéquitable".

L’an dernier, Ferrara a obtenu deux acquittements dans des attaques de fourgons blindés. Suite à ces décisions, il a été transféré à la prison de Lille-Sequedin en décembre et y a retrouvé des conditions de détention "normales", selon son avocat, Me Lionel Moroni. Détenu le plus surveillé de France, il avait passé plus de sept ans dans un quartier d’isolement. Pour la durée du procès en appel, il est incarcéré à la prison parisienne de La Santé, où il a de nouveau été placé à l'isolement.

Reste que ce procès sera sans doute suivi dans les cités, où Ferrara est une figure emblématique. "Il est le symbole de cette génération issue des cités qui arrive dans le grand banditisme, analyse Matthieu Suc. C’est l’homme qui le premier a fait ce lien entre ces jeunes et les vieux voyous corses ou marseillais du milieu".

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