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Au moins 12 rebelles tués lors d'une attaque contre le village du président Kadyrov

Des rebelles présumés ont mené une offensive contre Tsentoroï, village natal de l'homme fort de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov. Celui-ci affirme avoir dirigé lui-même l'opération contre les "bandits", qui aurait fait au moins 14 victimes.

AFP - Au moins 14 personnes ont été tuées dimanche dans des tirs dans le village du président tchétchène Ramzan Kadyrov, une nouvelle illustration de l'intensification des attaques de rebelles dans les républiques du Caucase russe en dépit des mesures de stabilisation prises.

Douze rebelles présumés et deux membres des forces de l'ordre ont été tués à Tsentoroï (nord-est de la Tchétchénie), village natal, fortement protégé, de l'homme fort de la Tchétchénie, selon les services de M. Kadyrov qui a affirmé avoir lui-même dirigé l'opération contre les "bandits".

Un responsable du comité d'enquête auprès du parquet tchétchène cité par l'agence Interfax a pour sa part fait état de "cinq policiers morts, dont trois des suites de leurs blessures, et de 17 blessés".

"Un groupe de 15 rebelles a tenté de pénétrer dans le village à 04HOO (00H00 GMT), affirme le site officiel des autorités tchétchènes.

"Les bandits ont tué un policier sous les yeux de sa famille. Un responsable de la garde du président a également été tué (...) Dans des combats, 12 rebelles ont été éliminés ", a poursuivi la même source.

Les télévisions ont diffusé des images de M. Kadyrov, en calotte, regardant des corps allongés à même le sol, le visage découvert.

Une source au sein des forces de l'ordre citée par l'agence RIA Novosti a fait état de cinq civils tués, mais M. Kadyrov a démenti ces informations. Selon le site de M. Kadyrov, deux femmes ont été blessées.

Au cours d'un autre accrochage, au Daguestan cette fois, la police a tué quatre rebelles présumés qui avaient ouvert le feu à partir de deux véhicules samedi soir dans le district de Khassaviourt - frontalier de la Tchétchénie -, a annoncé le ministère de l'Intérieur de cette république russe.

Auparavant, les autorités locales avaient annoncé que dix rebelles présumés et un policier avaient été tués dans des opérations réalisées vendredi et samedi par les forces de l'ordre en Kabardino-Balkarie (également dans le Caucase russe) et au Daguestan.

Dimanche, des inconnus ont fait exploser une voiture de police en Kabardino-Balkarie, blessant deux policiers et un civil, a rapporté l'agence RIA Novosti citant la police locale.

Le Caucase russe est en proie à une rébellion exacerbée par deux guerres successives menées par les forces russes contre les séparatistes en Tchétchénie, qui ont dévasté cette république, avec de nombreuses exactions à la clé, dans les années 1990 et au début des années 2000.

Soutenu par le Kremlin, Ramzan Kadyrov, 33 ans, l'homme fort de la Tchétchénie depuis l'assassinat en 2004 de son père, Akhmad Kadyrov, qui présidait cette république, a été accusé à maintes reprises par les défenseurs des droits de l'homme de recourir à la torture et d'utiliser ses milices pour faire taire ses adversaires.

L'impression d'une relative stabilisation de la situation en Tchétchénie en comparaison avec les républiques voisines d'Ingouchie ou du Daguestan s'explique par le fait qu'"il n'y a plus de critiques du régime" Kadyrov et peu de choses filtrent de là-bas, explique à l'AFP Alexandre Tcherkassov, spécialiste du Caucase au sein de Mémorial.

La dirigeante de la branche de cette ONG en Tchétchénie, Natalia Estemirova, a été assassinée en juillet 2009 et la direction de Mémorial a accusé le président tchétchène d'être derrière ce meurtre.

"La situation en Tchétchénie s'est dégradée en 2009 et il n'y a pas de raisons de croire qu'elle s'est améliorée depuis", souligne M. Tcherkassov, ajoutant que 74 personnes avaient été enlevées en Tchétchénie pendant les six premiers mois de 2009 contre 42 en 2008.

"Les disparitions massives et l'impunité encouragent les gens en quête de justice à aller grossir les rangs de la rébellion", conclut M. Tcherkassov.