![Feu vert pour une troisième piste à l'aéroport d'Heathrow Feu vert pour une troisième piste à l'aéroport d'Heathrow](/data/posts/2022/07/14/1657806739_Feu-vert-pour-une-troisieme-piste-a-l-aeroport-d-Heathrow.jpg)
Malgré les protestations des écologistes et des riverains, le gouvernement britannique a donné son accord au projet d'une troisième piste à l'aéroport de Londres-Heathrow, où près de 67 millions de passagers ont transité l'an passé.
AFP - Le gouvernement britannique a donné jeudi le feu vert attendu à la création d'une troisième piste à l'aéroport de Londres Heathrow, décision assortie de mesures environnementales qui n'ont calmé ni la colère des écologistes ni le chagrin de riverains en voie d'expropriation.
Le projet, annoncé par le ministre des Transports Geoff Hoon, permettra de désengorger, à l'horizon 2020, le premier aéroport mondial pour le trafic international, actuellement doté de deux pistes pleines à craquer, dédiées alternativement au décollage ou à l'atterrissage pour minimiser les nuisances. Heathrow a vu passer 66,91 millions de passagers en 2008.
La décision était redoutée par les écologistes et les riverains, alors qu'un village complet, Sipson, doit être rayé de la carte avec ce projet.
Une cinquantaine de députés travaillistes, et, selon la rumeur, même des ministres du gouvernement de Gordon Brown, étaient aussi opposés à l'extension, aux côtés de l'opposition conservatrice et libérale-démocrate.
Geoff Hoon a cependant considéré que "Heathrow est vital" pour l'économie du Royaume-Uni, en "le reliant aux marchés de croissance du futur, ce qui est primordial pour une grande nation commerciale".
Heathrow est aussi à la traîne d'autres aéroports européens comme Paris Charles de Gaulle (quatre pistes), Amsterdam-Schiphol (cinq) ou Francfort (une quatrième en préparation).
En revanche, le ministre a maintenu, pour épargner les oreilles des riverains, la circulation alternée sur les pistes existantes, et il a assuré que le Royaume-Uni fixerait des objectifs plus stricts qu'actuellement aux compagnies aériennes en matière d'émissions de CO2.
M. Hoon a annoncé également que, dans un premier temps, le nombre de vols supplémentaires annuels à Heathrow serait de 125.000 et non de 220.000 comme dans le projet initial, portant leur total à 605.000.
Surtout, il a lancé un important programme parallèle d'infrastructures, notamment six milliards de livres pour améliorer la capacité des principales routes, et, surtout, la création d'une nouvelle société, "High Speed 2", censée étudier la création d'un train à grande vitesse Londres-Ecosse via Heathrow.
Le Royaume-Uni n'a qu'une ligne à grande vitesse actuellement, High Speed 1 exploitée par Eurostar entre Londres et la Manche.
Le patronat s'est dit satisfait, la principale organisation patronale CBI estimant que les décisions de jeudi conféraient "un cadre approprié aux besoins de long terme du pays". Willie Walsh, le patron de British Airways, première utilisatrice de Heathrow, a applaudi "cette décision équilibrée".
De même, le principal syndicat du pays, Unite, a évoqué "une décision prise dans les meilleurs intérêts du pays", avec 50.000 créations d'emplois à la clé.
Mais le groupe écologique Greenpeace a dénoncé "l'escroquerie de Gordon Brown, qui fera de Heathrow "le plus gros émetteur de CO2 du pays". Le maire (conservateur) de Londres Boris Johnson a défié Gordon Brown de venir s'expliquer publiquement devant les riverains.
A Sipson, c'était la consternation, et des habitants en larmes, évoquaient ce qu'ils allaient perdre (maison, emplois...) avec la troisième piste.
Un député travailliste de la région de Heathrow, John McDonnell, a même fait un esclandre à la chambre des députés en saisissant et en déplaçant dans sa colère la lourde masse en métal précieux représentant l'autorité du Parlement.
Il a été suspendu pendant cinq jours, non sans avoir dit : "la décision d'aujourd'hui n'est pas la fin de la bataille contre la troisième piste, ce n'en est que le commencement".