
Cent jours après son arrivée au pouvoir, la coalition Cameron–Clegg reste populaire aux yeux des Britanniques. La rentrée parlementaire, qui s'annonce mouvementée, devrait permettre de vérifier la solidité de l'alliance.
Comment la coalition conservateurs-libéraux-démocrates va-t-elle gérer sa rentrée ? Après 100 jours au pouvoir, le Premier ministre conservateur, David Cameron, et son vice-Premier ministre, le LibDem Nick Clegg, sont toujours aussi populaires auprès du grand public : selon un sondage ICM publié ce mercredi, 43 % des Britanniques estiment en effet qu’ils font du meilleur travail que le Labour, contre 26 % qui regrettent Gordon Brown. Mais le bel été des deux hommes touche à sa fin et va laisser place à un automne qui s’annonce rude, tant les problèmes qui les attendent paraissent nombreux.
Si la lune de miel entre les deux hommes ne semble pas vouloir prendre fin, nombreux sont les observateurs qui se demandent combien de temps les supporters des libéraux-démocrates vont tolérer cette alliance contre-nature avec les conservateurs. D'autres se demandent en outre si les coupes drastiques prévues par leur plan de rigueur ne vont pas finir par les détourner de leurs électeurrs.
Jusqu’ici, le tandem a su rassurer les Britanniques, qui semblent apprécier de nouveau les spécificités de leur système parlementaire après les années travaillistes, marquées notamment par la personnalité flamboyante de Tony Blair. Cameron et Clegg sont eux dans l’obligation de gouverner par consensus et doivent négocier chaque réforme de manière plus ouverte que les précédents chefs de gouvernement.
Un mariage inscrit dans la durée ?
Mais cette nouvelle manière de gouverner peut-elle s’inscrire dans la durée ? Les prochaines sessions parlementaires permettront de vérifier si la démocratie britannique peut fonctionner sans une majorité nette à la Chambre des communes.
Les 100 premiers jours du duo Clegg-Cameron ont été marqués par des désirs de réformes ambitieuses : celles des systèmes éducatif et de la santé. Dans un souci de recherche du compromis, les conservateurs sont également revenus sur plusieurs problématiques qui leur sont chères, comme celle du système électoral. L’année prochaine, les Britanniques seront invités à se prononcer, par voie de référendum, sur l'injection de proportionnelle dans des scrutins à un tour jusqu'alors uninominaux. Un débat porté de longue date par les libéraux-démocrates qui sont parvenus à l’imposer à leur nouvel allié.
L'obsession de la dette publique
Mais le principal cheval de bataille pour la coalition, c’est la réduction des déficits. Le ministre des Finances, George Osborne, a présenté un plan qui prévoit la suppression de 25 à 40 % des dépenses publiques pour tenter de résorber l’abyssale dette publique britannique.
Cet entêtement à vouloir réduire la dette publique constitue aujourd’hui le principal point de discorde entre la droite et la gauche. Ce mercredi, le quotidien de centre gauche "The Guardian" assure que le plan de rigueur est "le plan de réduction des déficits le plus draconien de l’histoire moderne", assurant qu’il est basé sur la "peur exagérée d’une crise de la dette à la grecque". Et le quotidien d'ajouter : "De telles coupes budgétaires […] vont inévitablement frapper plus durement les pauvres que les riches. Elles mettent aussi en danger les espoirs d’une reprise économique plus globale".
Le journal conservateur "Daily Telegraph" assure cependant que de telles réformes sont nécessaires. Osborne jouit d’une belle popularité, note le journal, ce qui doit lui permettre de "passer en revue nos dépenses pour restaurer l’intégrité des finances publiques mais aussi pour permettre l’émergence d’un nouvel État plus efficace".