Au lendemain des critiques émises par le CERD concernant une "recrudescence" du racisme en France, l'UMP met en cause la bonne foi de ses membres. Le parti présidentiel les accuse de représenter des pays où les droits de l'Homme sont bafoués.
C’est peu dire que les critiques de l’ONU ne sont pas du goût de l’UMP. Ce vendredi, sur les ondes de la radio RTL, le porte-parole adjoint du parti présidentiel, Dominique Paillé, s’est interrogé sur le bien-fondé des reproches formulés par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) qui, jeudi, a accusé la France d'un "manque de volonté politique" face à une "recrudescence" des actes racistes et xénophobes dans le pays.
Pour Dominique Paillé, figurent parmi les 18 membres du CERD des "gens qui viennent de pays qui ne respectent absolument pas les droits de l'Homme". La veille, le député du Nord, Christian Vanneste, était déjà allé dans le même sens, estimant que "tous les pays qui en (faisaient) partie (n’étaient) pas des exemples de démocratie vivante ni des exemples du respect des minorités". Il avait notamment cité l'Algérie, la Russie, la Roumanie - "qui traite très mal les Roms chez elle" - le Pakistan et la Turquie. Député UMP du Tarn, Bernard Carrayon a, quant à lui, invité les membres du comité "à exercer d'abord leur immense talent 'd'expert' dans leur pays".
"Un montage pur et simple"
Le CERD est chargé de vérifier les efforts fournis par les 173 pays signataires de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale pour se conformer à ce texte. Ce comité a également formulé des critiques sur les déclarations faites par Nicolas Sarkozy le 30 juillet dernier au sujet des Roms, dont 40 camps illégaux ont été démantelés en 15 jours, et sur la proposition de déchoir certains Français de leur nationalité.
Ce à quoi le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a répondu qu’il s'agissait "de faire respecter la loi", lors d’une visite en Auvergne.
Pour Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, les critiques émises par le CERD sont avant tout "un montage pur et simple", car "elles émanent de personnes s'exprimant à titre individuel" et non des Nations unies.
Le CERD doit en effet rendre ses conclusions sur la lutte contre le racisme en France dans un rapport officiel qui sera présenté le 27 août. Mais le bras droit du président Nicolas Sarkozy soutient déjà que "le rapporteur du comité a fait une proposition d'avis très laudative pour la France".
"Image exécrable" de la France
Dans l’opposition, le Parti socialiste (PS) a expliqué jeudi que le gouvernement devait prendre comme un avertissement les critiques du comité de l'ONU, qui donnent une "image exécrable" de la France. Selon le PS, "il faut désormais considérer que le premier responsable de ce climat d'insécurité et de xénophobie, c'est le gouvernement".
Un avis partagé par des associations comme la Ligue des droits de l’Homme. "Il y a en France un vrai problème d'alimentation de la xénophobie par des autorités publiques", a ainsi déclaré son président d'honneur, Michel Tubiana, sur France Info.