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Interruption du procès d'Omar Khadr après l'évanouissement de son avocat

Le procès du jeune Canadien jugé à Guantanamo pour avoir soutenu Al-Qaïda en Afghanistan a été suspendu pour une durée d'un mois, dans l'attente du rétablissement de Jon Jackson, l'unique avocat de l'accusé qui s'est évanoui en pleine audience.

AFP - Le procès à Guantanamo du Canadien Omar Khadr, arrêté à 15 ans en Afghanistan, a dû être interrompu jeudi, alors que l'accusation et la défense entraient dans le vif du sujet, après l'évanouissement de l'unique avocat de l'accusé en pleine audience.

L'avocat militaire américain qui assure seul la défense du jeune Canadien, le lieutenant-colonel Jon Jackson s'est évanoui subitement, peut-être en raison d'une récente opération chirurgicale.

Un des responsables des avocats militaires de Guantanamo, Brian Broyles a expliqué que, le lieutenant-colonel Jackson étant le seul défenseur de M. Khadr, le procès serait suspendu jusqu'à lundi ou plus, tant qu'il ne serait pas rétabli.

Aujourd'hui âgé de 23 ans, dont plus d'un tiers passés dans la prison américaine de Guantanamo, Omar Khadr comparaît depuis mardi devant un tribunal militaire d'exception pour "crimes de guerre". Il s'agit du premier procès d'un accusé plaidant non coupable devant les tribunaux d'exception rétablis par l'administration Obama.

"+Je suis un terroriste soutenant Al-Qaïda+: ce sont les propres mots d'Omar Khadr", a déclaré aux sept jurés militaires le procureur Jeff Groharing, affirmant que le but de l'adolescent était, comme celui du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, de "tuer le plus possible d'Américains".

"Omar Khadr était dans ce camp parce que son père lui a dit d'y aller, Omar Khadr était là parce que son père détestait plus ses ennemis qu'il n'aimait son fils", a répondu Jon Jackson.

Fils d'un haut responsable d'Al-Qaïda mort en 2003, Omar Khadr a passé son enfance entre le Canada, le Pakistan et l'Afghanistan. Il a été arrêté, grièvement blessé après le siège par les forces spéciales américaines d'une cache d'Al-Qaïda où il fabriquait, avec d'autres, des bombes artisanales.

Devenu un grand jeune homme à la barbe drue, Omar Khadr se présente chaque jour dans un costume gris avec une cravate. Souriant durant les pauses, bavardant avec la défense, son regard clair sous d'épais sourcils noirs reste impassible lorsque la cour se plonge dans la bataille du 27 juillet 2002 au cours de laquelle il est accusé d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain.

Le chef des forces spéciales chargé des opérations ce jour-là à Khost, dans l'est de l'Afghanistan, a longuement raconté les quatre heures de siège, rappelant avoir été placé trop loin pour distinguer qui avait lancé la grenade.

Mais la défense a noté qu'à la demande d'un procureur, plusieurs années plus tard, il avait modifié son rapport des événements du jour et qu'après avoir rapporté que le lanceur de la grenade était "mort", il avait dit qu'il était "engagé" dans la bataille.

La grenade n'a pas été, selon Jon Jackson, lancée par Omar Khadr, qui à ce moment-là gisait au sol, "terrorisé, en sang et aveugle". Le jeune homme a perdu l'usage de son oeil gauche dans la bataille.

Les jurés, quatre femmes et trois hommes officiers, ont également vu une vidéo montrant Omar Khadr avec d'autres hommes dans une maison, fabriquant des bombes artisanales puis les enterrant sur le bas-côté d'une route. Les joues rebondies et la moustache naissante, l'adolescent sourit à la caméra.

Assise dans le public, la veuve du soldat mort, Tabitha Speer, s'est montrée impassible.

Jon Jackson a également interrogé le témoin sur la présence durant la bataille d'un "civil", un agent de la CIA, expliquant au juge que si son client était accusé de violation de la loi de la guerre, avoir un civil armé à côté des militaires est également une violation de la loi de la guerre.

Le procès avait commencé sur une controverse alors que le juge militaire en charge, Patrick Parrish, a estimé recevable la totalité des déclarations qu'Omar Khadr a fait à ses interrogateurs après son arrestation, à Bagram et à Guantanamo ensuite.