Les 400 000 malades mentaux en Sierra Leone doivent compter sur le seul psychiatre du pays, ou recourir à la médecine traditionnelle pour leurs traumatismes. Leur prise en charge laisse toujours à désirer. (Reportage : I. Taoufiki)
La guerre civile en Sierra Leone est l'un des conflits les plus meurtriers de l'histoire de l’Afrique contemporaine. Il s'est terminé depuis 2002. Mais les blessures invisibles de la guerre sont toujours béantes.
Selon l'OMS, le pays compte 400 000 malades mentaux, dont une grande partie a été déstabilisée par le conflit. Le secteur psychiatrique prend en charge 2 % des malades, les 98 % restants se font soigner par des médecins traditionnels.
Six ans après la fin officielle de la guerre, les conditions sanitaires générales sont déplorables dans le pays. Le secteur de la psychiatrie est très mal pourvu.
L’équipe de FRANCE 24 a notamment rencontré des patients de Dr Nahim, le seul psychiatre dans le seul hôpital psychiatrique du pays, qui compte 6 millions d'habitants. Celui-ci manque de moyens et de temps, et ses pratiques semblent souvent choquantes.
Les ravages de la guerre
Sans compter tous ceux, encore vivants, qui souffrent des traumatismes de la guerre, son bilan revèle toute sa cruauté : près de 200 000 morts. Des dizaines de milliers de personnes ont été amputées. Les rebelles leur coupaient les mains pour empêcher la population de travailler, et de voter.
Les attaques des rebelles de la RUF (Revolutionary United Front), prolongations sierra-léonaises des velléités impériales du libérien Charles Taylor, sont à l’origine du déplacement de 2 millions d’habitants.
Le conflit a également vu l’enrôlement quasi-systématique d’enfants soldats, drogués, parfois contraints à tuer leurs propres parents, tandis que des jeunes filles ont été réduites à l’esclavage sexuel. Des cas de cannibalismes ont même été reportés.