Pour nombre d’observateurs, les lenteurs du désarmement de l’ex-rébellion, dans le nord du pays, et les désaccords portant sur les listes électorales pourraient entraîner un énième report de l’élection présidentielle ivoirienne, fixée au 31 octobre.
La présidentielle ivoirienne peut-elle se tenir le 31 octobre comme l’a annoncé, jeudi, le Premier ministre Guillaume Soro ? Car en dépit de l’optimisme affiché par le chef du gouvernement, nombre d’observateurs craignent que le scrutin, déjà maintes fois reporté depuis 2005, ne se tienne pas à la date fixée.
itPlusieurs problèmes, en effet, restent à résoudre pour que cette fois-ci soit la bonne. À commencer par l’élaboration des listes électorales, vieux serpent de mer du feuilleton de la présidentielle ivoirienne. Au centre des blocages : la fameuse "liste grise", que le camp du président Laurent Gbagbo voudrait voir amputer de son million d’électeurs venant, selon lui, de pays frontaliers comme le Burkina Faso, la Guinée ou le Mali. Seulement voilà, le processus pourrait prendre plusieurs mois.
Autre problème : le désarmement des anciens rebelles installés dans le nord du pays. En vertu d’un accord signé à la fin de 2008, celui-ci doit être achevé deux mois avant le scrutin. Or, pour le moment, il n’a connu qu’un timide démarrage, officiellement faute de financements. L’opposition et l’exécutif, qui craint la présence de commandos pouvant intimider les électeurs, se sont toutefois mis d’accord pour aborder ce dossier à la fin de ce mois d’août.
Gbagbo dos au mur
Malgré ces obstacles à franchir, des raisons laissent penser que le scrutin se tiendra bien le 31 octobre. Quelques jours auparavant, le 22 octobre, Laurent Gbagbo célèbrera ses 10 années de présidence, dont la moitié effectuée sans mandat électif. De quoi échauder les opposants, les ex-rebelles et la société civile, qui tous l’accusent de retarder le processus électoral pour prolonger son pouvoir.
Si le chef de l’État franchit ce cap sans perspective de passation de pouvoir, la stabilité politique du pays pourrait s’en trouver menacer. D’autant plus que l’accord de Ouagadougou, signé en 2007 sous l’égide du président burkinabè et médiateur de la crise ivoirienne, Blaise Compaoré, arrivera à son terme en octobre. Or celui-ci fixait la feuille de route de la sortie de crise. Dès lors, quid de l’après-octobre ? Pour l’heure, le flou reste total.
Et, pour aggraver le tout, le numéro un burkinabè, qui sera alors en pleine campagne électorale dans son pays à l’automne, a menacé de quitter la médiation si aucune élection ne se tenait avant la fin de 2010. Quant à la communauté internationale, elle s’impatiente. Si la France préfère rester discrète pour ne pas se faire accuser d’ingérence, les États-Unis, eux, agitent toujours la menace de sanctions.