67,25 % des électeurs kenyans ont approuvé la nouvelle Constitution prévoyant de réduire les prérogatives de l'exécutif. Une réforme qui suscite beaucoup d'espoirs dans un pays encore traumatisé par les violences post-électorales de 2007-2008.
"C'est oui !" titrait ce mercredi "The Standard", l'un des plus grands quotidiens du Kenya. Les électeurs ont approuvé à une large majorité le référendum portant sur la nouvelle Constitution défendu par le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga. Selon les résultats définitifs annoncés jeudi en fin de journée par la Commission électorale intérimaire indépendante, le "oui" a recueilli 67,25% des voix alors que le camp du "non" n'a remporté que 30,35% des suffrages. Près de huit millions d’électeurs se sont rendus aux urnes sur les 12,4 millions enregistrés, soit un taux de participation de 71%.
"Ce résultat soulève un immense espoir dans la population kenyanne, qui attend désormais de la nouvelle Constitution qu'elle mette fin à la crise politique qui secoue le pays depuis deux ans et demi", explique Mike Pflanz, correspondant pour FRANCE 24 à Nakuru, dans l’ouest du pays.
Tourner une sombre page de l'histoire kenyanne
Aujourd’hui encore, le Kenya reste traumatisé par les affrontements violents qui avaient fait plus de 1 500 morts au lendemain de l’élection présidentielle contestée de décembre 2007. Avec cette réforme, qui prévoit notamment de réduire le pouvoir de l’exécutif, le président et le Premier ministre espèrent mettre un terme à la crise politique et tourner une page sombre de l’histoire de ce jeune pays, indépendant depuis 1963.
Les électeurs se sont montrés sensibles à cette diminution des prérogatives présidentielles. Bien plus en tous cas qu’aux arguments du camp du "non", qui faisait campagne contre la légalisation de l’avortement pour raisons médicales et contre le maintien des tribunaux islamiques pour les musulmans, autres sujets sur lesquels les électeurs étaient amenés à se prononcer mercredi.
Ce résultat devra donc permettre au Kenya de prendre un nouveau départ. À l'occasion de ce scrutin, une nouvelle commission électorale avait été mise en place et la transmission des données modernisée pour éviter les soupçons de fraude à l’origine des violences de la fin de 2007. Cette fois-ci, tout s’est bien déroulé : les résultats sont parvenus plus rapidement que lors du précédent scrutin et aucun incident n’est à déplorer.
Le seul risque de voir le pays de nouveau sombrer dans la crise pourrait venir de la lenteur des institutions kenyanes. "Le travail d’enregistrement de la nouvelle Constitution au Parlement pourrait durer entre un et deux ans, souligne Mike Pflanz. Ce qui donne largement le temps aux électeurs qui se sont réveillés plein d’espoir ce matin de nourrir une certaine frustration."