Une commission de New York n'a pas reconnu le statut historique d'un vieux bâtiment situé près du site des attentats du 11 septembre 2001, ce qui permettra la démolition de l'édifice pour céder la place notamment à un lieu de culte musulman.
AFP - Une commission de la ville de New York chargée de la préservation du patrimoine a levé mardi un obstacle majeur à la construction d'une mosquée controversée à quelques pas de l'emplacement où se trouvaient les tours jumelles détruites par les attentats du 11 septembre 2001.
La commission a décidé à l'unanimité de ne pas placer sur la liste des monuments historiques le bâtiment du 45-47 Park Place près de Ground Zero, où la mosquée doit être construite. L'immeuble datant de 1850 n'abrite plus désormais qu'un magasin de vêtements à l'abandon.
"La commission a voté par neuf voix contre zéro pour ne pas placer le bâtiment" sur la liste, a déclaré son président, Robert Tierney.
Les neuf membres de la commission ont expliqué à tour de rôle la raison de leur choix, ce qui a donné lieu à des applaudissements dans la salle tandis qu'une autre partie du public criait: "honte".
Une femme a brandi une pancarte sur laquelle était inscrit: "Ne glorifiez pas les meurtriers de 3.000 personnes, non à la mosquée du 11-Septembre", ainsi que "l'islam bâtit des mosquées sur le site de ses conquêtes".
Un classement aurait empêché la démolition du bâtiment et par là-même la construction de la mosquée et d'un centre islamique, un projet très controversé, à quelques pas de Ground Zero.
La construction de cette mosquée avait été approuvée en mai par le conseil municipal de New York.
Outre la mosquée, le futur complexe doit abriter des terrains de sport, un théâtre, des restaurants et potentiellement une crèche.
Les partisans du projet soutiennent que la "Maison Cordoba" aidera à surmonter les stéréotypes négatifs dont continue à souffrir la communauté musulmane de la ville depuis les attaques contre les gratte-ciel du World Trade Center, qui avaient fait quelque 3.000 morts.
Les opposants soutiennent que construire une mosquée si près de Ground Zero est une insulte à la mémoire des victimes.
Dénoncé vigoureusement par l'ex-candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin, le projet dispose toutefois d'un appui de taille: le maire de New York, Michael Bloomberg. Pour ce dernier, la liberté religieuse, un pilier des valeurs américaines selon lui, était en jeu dans cette affaire.
New York "est la ville la plus libre au monde, a déclaré l'édile après le vote de la commission. Nos portes sont ouvertes à tout le monde, tous ceux qui ont un rêve et la volonté de travailler dur et de jouer selon les règles".
La controverse sur la construction de cette mosquée a donné lieu à l'interdiction de la diffusion d'une publicité dénonçant le projet par deux grandes chaînes de télévision. La vidéo titrée "Tuer la mosquée de Ground Zero" comporte des références aux attentats du 11-Septembre et une voix-off qui commente: "Le 11-Septembre, ils nous ont déclaré la guerre. Cette mosquée est un monument célébrant leur victoire et une invitation à continuer".
Sur le site même de Ground Zero, un nouveau gratte-ciel baptisé One World Trade Center est en construction, le nom de "Tour de la liberté" ayant finalement été abandonné. Un mémorial et un musée dédié au 11-Septembre doivent également être ouverts au public prochainement.