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En conflit larvé depuis plusieurs mois, Silvio Berlusconi et son ex-allié Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés, affichent désormais leur rivalité au grand jour. Ce vendredi, le premier a demandé au second de quitter ses fonctions.

AFP - Après des mois de dissensions, Silvio Berlusconi a consommé la rupture avec son principal allié Gianfranco Fini, tout en assurant que cette crise au sein de la droite italienne ne mettrait pas en péril la stabilité de son gouvernement, en place depuis deux ans.

Après une réunion avec l'exécutif de son parti, le Peuple de la Liberté (PDL), M. Berlusconi a pressé M. Fini d'abandonner la présidence de la Chambre des députés, jugeant "absolument incompatibles" ses positions avec celles de son parti.

M. Fini a aussitôt refusé vertement, affirmant qu'il ne se démettrait pas. "La présidence de la Chambre n'est pas à la disposition du président du Conseil", a-t-il déclaré.

Le feu couvait depuis plusieurs mois entre les deux hommes, co-fondateurs en mars 2009 du PDL, rassemblant leurs deux courants : celui, social, de l'Alliance nationale de M. Fini et celui, libéral et populiste, de Forza Italia, de M. Berlusconi.

Néo-fasciste repenti, M. Fini s'était démarqué à plusieurs reprises du chef du gouvernement affichant des positions plus centristes sur l'immigration, la laïcité ou la défense du rôle du Parlement contre un chef du gouvernement omnipotent.

Se plaçant sur le terrain de "la moralité et la légalité", il avait récemment appelé à ce que tous les hommes politiques sous enquête se démettent de leurs fonctions, alors que pas moins de trois ministres poursuivis pour corruption ou trafic d'influence ont dû démissionner ces dernières semaines.

Il avait également contribué à édulcorer un projet de loi controversé limitant les écoutes téléphoniques, auquel M. Berlusconi était particulièrement attaché.

Ses réticences avait également contraint M. Berlusconi à engager la confiance de son gouvernement sur le plan d'austérité de 25 milliards qui a finalement été adopté jeudi.

M. Fini ne cachait pas non plus son irritation de voir l'autre allié de M. Berlusconi, la Ligue du Nord, prendre de plus en plus de poids au sein de la majorité, après avoir contribué à la victoire de la droite aux élections régionales.

"Le PDL ne pouvait plus payer le prix trop élevé de divisions affichées. Les supporteurs d'une équipe ne peuvent pas supporter de voir ses joueurs se disputer dans les vestiaires", a affirmé le chef du gouvernement à l'issue d'une réunion de son parti qui a approuvé un document critiquant durement les positions "dissidentes" de Fini.

Une trentaine de députés fidèles à M. Fini ont dans le même temps affirmé qu'ils ne se considéraient plus membres du PDL -qui représente 38% de l'électorat- et qu'ils constitueraient leur propre groupe au Parlement.

Au moment où chaque camp comptait ses troupes dans la perspective d'éventuelles élections anticipées, bien avant l'échéance de 2013, M. Berlusconi a exclu tout risque de chute de son gouvernement.

"Il n'y a aucun risque. Nous disposons d'une majorité", a assuré le Cavaliere.

Alors que plusieurs de ses fidèles, à l'instar du ministre de la Défense Ignazio la Russa, ont pris leurs distances avec lui, M. Fini a assuré dans la nuit de jeudi à vendredi qu'il continuerait à "être fidèle au gouvernement et aux engagements pris avec les électeurs du PDL".

Il avait d'ailleurs tenté de se rapprocher à la dernière minute de M. Berlusconi en l'invitant jeudi à "mettre tout à plat sans ressentiment". "Berlusconi et moi n'avons pas le devoir d'être amis, pas même celui d'apparaître comme amis, mais nous nous devons d'honorer des engagements politiques et électoraux envers le peuple italien", avait-il dit.

Une offre rejetée sans ambiguïté jeudi soir par le Cavaliere.