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Une génération dorée et dominatrice dans tous les sports

À l’image de la Roja, championne du monde de football, l’Espagne règne en maître sur le sport mondial. Football, tennis, basket, handball, cyclisme, sports mécaniques… L’âge d’or ibérique, multidisciplinaire, se confirme d’année en année.

"Merci les champions, au nom de toute l'Espagne et de tous les Espagnols." Cette formule enthousiaste, prononcée lundi par le roi d’Espagne Juan Carlos à l’attention des joueurs de la Roja, tendrait presque à devenir la devise du pays. Le retentissant succès de la sélection ibérique à la Coupe du monde 2010 n’est finalement que l’aboutissement d’une dynamique généralisée. Depuis quelques années, l’hégémonie espagnole sur le sport mondial n'est presque plus contestée. Football, tennis, cyclisme, basket, sports automobiles… Partout, les Espagnols sont leaders ou classés.

L’école catalane de football

La victoire de l’Espagne de Del Bosque a été présentée comme celle du "beau jeu". Ce "toque", jeu à une touche de balle porté vers l’avant, est une caractéristique directement héritée du FC Barcelone, dont sept des titulaires de la Roja sont issus.

L'HÉRITAGE DES J.O. DE BARCELONE 1992

Les explications de cet "edad de oro", l’âge d’or de l’Espagne sont multiples. Néanmoins, les analyses convergent toutes vers un élément déclencheur : les Jeux olympiques de Barcelone, en 1992. L’Espagne, consciente de l’opportunité, a massivement investi dans le développement de ses infrastructures de formation et dans la réfection de ses enceintes sportives. Près de vingt ans plus tard, les centres d’accompagnement des jeunes sportifs sont toujours grassement alimentés par les autorités (plus de 10 millions d’euros en 2010). De ces pépinières ont éclos les champions d’aujourd’hui : Xavi, Iniesta, Fabregas en football, Nadal en tennis, notamment. Des "premiers de la classe" qui rentabilisent aujourd’hui l’investissement consenti deux décennies plus tôt.

En 2009, le club catalan a littéralement écrasé la concurrence nationale et européenne, en s’adjugeant le titre national, la Coupe du Roi, la Supercoupe d’Espagne, mais surtout la Ligue des Champions et la Supercoupe de l’UEFA. Et même si 2010 a été moins prolifique pour le Barça, l’équipe coachée par Pep Guardiola reste pour beaucoup la quintessence même du football esthétique et efficace.

Dès lors, il est peu surprenant que, forte du succès de son "antichambre", la Roja ait également brillé au plan international. Et le bilan est historique : un succès à l’Euro-2008, suivi deux ans plus tard d’une nouvelle consécration au Mondial-2010.

L’hégémonie sur le Tour

Le succès du football espagnol, ultra médiatisé, est l’arbre qui cache la forêt. En cyclisme, notamment, les Ibériques ont progressivement instauré leur règne. En 1995, le départ à la retraite de Miguel Indurain avait pourtant laissé un grand vide dans le palmarès déjà fort étoffé du cyclisme espagnol. La succession du quintuple vainqueur du Tour de France avait été trustée par l’Américain Lance Armstrong, reléguant les Espagnols au rang de faire-valoir. Une outrageuse domination qui aura finalement contribué à ce que l’Espagne du vélo se remette en question.

La reconstruction a pris du temps, mais les résultats sont là. Depuis 2006, la Grande Boucle a sacré trois coureurs espagnols : Oscar Pereiro (2006), Alberto Contador (2007 et 2009) et Carlos Sastre (2008). Et cette année encore, le "Pistolero" Contador est le grandissime favori d’une édition 2010 qui semble taillée pour ses cannes de grimpeur.

Nadal de retour

Si le maillot jaune du Tour a pris l’habitude de s’inviter sur les épaules des coureurs espagnols, la petite balle jaune a également choisi son camp. Après avoir observé un passage à vide en 2009, la star du tennis espagnol Rafael Nadal a retrouvé des couleurs en 2010. Depuis le début de l’année, le Majorquin a éclaboussé de sa classe le circuit ATP, en décrochant notamment deux Grand Chelems à Wimbledon et Roland Garros. En 2010, il a déjà engrangé cinq nouveaux titres et a, de fait, récupéré sa place de numéro un mondial.

Dans le sillage de Nadal, tout le tennis espagnol a fortement progressé. Sept espagnols sont aujourd’hui classés dans le top 30 du tennis mondial. À titre de comparaison, la seconde nation la plus représentée, les Etats-Unis, ne compte que trois représentants dans le "gotha" du tennis. Une densité qui, là aussi, a permis à l’Espagne d’obtenir des résultats historiques. Après leur victoire en Coupe Davis en 2004, les Espagnols ont réitéré en 2008 et en 2009. Presque de quoi faire oublier leur élimination précoce le week-end dernier face à la France, en quart de finale de cette même compétition.

Auto ? Alonso, Moto ? Lorenzo !

La moto, longtemps l’apanage de l’Italie, a viré de bord en 2010. En l’absence du Doctor Valentino Rossi, blessé, deux Espagnols caracolent en tête du classement mondial de Moto GP : Jorge Lorenzo (double-champion du monde en 250 cc), suivi de Dani Pedrosa (double-champion du monde en 250 cc et titré également en 125 cc).

En Formule 1, l’Espagne compte également l’un des plus importants contingents de pilotes avec trois représentants. Des trois émerge inévitablement le double champion du monde (2005, 2006) Fernando Alonso qui figure parmi les meilleurs pilotes du monde.

Main basse sur le hand et le basket

Comparée aux sports mécaniques, et à plus forte raison au football, la médiatisation du handball et du basket européens relève de l’épiphénomène. Mais, ici encore, l’Espagne a prouvé qu’elle avait plus que son mot à dire. Si la sélection nationale de handball n’a plus remporté de titre depuis les championnats du monde de 2005, les clubs ibériques brillent très régulièrement en Europe.

Sur les six dernières Ligues des champions disputées, le handball espagnol en a rapporté quatre au pays. Et en 2005 et 2006, la finale de la compétition était intégralement trustée par les clubs ibériques. Une fois encore, l’Espagne brille par sa densité puisque trois clubs différents ont épinglé leur nom au palmarès de la plus prestigieuse distinction du handball européen ces six dernières années : le BM Ciudad Real, le FC Barcelone et le PSA Pampelune.

Le basket péninsulaire n’est pas non plus en reste. Le FC Barcelone, club omnisport à succès par excellence, est tenant du titre de l’Euroligue, la plus prestigieuse compétition continentale. Mais c’est au plan international que la Roja étincelle : portée par le meneur de jeu des Lakers Pau Gasol, elle est actuellement championne du monde (2006) et championne d’Europe en titre (2009) et a décroché l’argent aux JO de Pékin en 2008.