
La réforme des retraites défendue par le ministre du Travail Éric Woerth a été présentée ce mardi en Conseil des ministres, au lendemain d'une intervention télévisée du chef de l'État qui s'est montré ferme sur les mesures-phares du projet de loi.
AFP - Contenu inchangé et maître d'oeuvre confirmé: la réforme des retraites a été examinée mardi par le Conseil des ministres, alors que Nicolas Sarkozy a prévenu qu'il resterait inflexible sur les mesures les plus critiquées du projet.
"C'est un grand jour, vous vous souviendrez de ce Conseil des ministres", a lancé le chef de l'Etat, selon des participants.
La veille, son intervention sur France 2 aura avant tout été l'occasion d'afficher que le cap était maintenu sur le front des retraites, malgré les polémiques nées notamment de l'affaire Bettencourt.
Même si le ministre du Travail Eric Woerth a annoncé mardi qu'il quittait ses fonctions de trésorier de l'UMP, suivant "le conseil" du chef de l'Etat, ce dernier l'a clairement confirmé dans son rôle de chef d'orchestre de la réforme.
C'est donc bien Eric Woerth qui a présenté mardi le projet de loi devant le Conseil des ministres, un texte dont le contenu correspond à ce qui avait été dévoilé en juin, à quelques modifications techniques près.
Le texte doit désormais être soumis aux commissions compétentes de l'Assemblée nationale et du Sénat, avant d'être discuté par le Parlement en séance plénière à partir du 6 septembre, pour une adoption espérée "à la fin du mois d'octobre", a réaffirmé lundi soir Nicolas Sarkozy.
Le chef de l'Etat a assuré qu'il resterait inflexible sur les mesures phares de sa réforme. "Les 62 ans, nous n'y toucherons pas" et "l'équilibre des cotisations public/privé, c'est une question de justice, on ne peut pas y toucher", a-t-il insisté.
Il n'a laissé la porte ouverte qu'à des évolutions sur trois dossiers: la "pénibilité", le dispositif de départs anticipés pour ceux qui ont commencé à travaillé avant 18 ans, et le cas particulier des polypensionnés, ces assurés pénalisés parce qu'ils relèvent de plusieurs régimes de retraite.
"Nous ferons des propositions complémentaires", a confirmé Eric Woerth, tandis que la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano a salué un chef de l'Etat "au plus près des préoccupations des Français".
Mais pour le dirigeant de la CFDT, François Chérèque, "le président de la République a été sourd aux problèmes des Français et aux injustices". Il a promis mardi que son syndicat ne ferait "pas de cadeau à M. Woerth, ministre du Travail".
Jean-Claude Mailly (FO) a une nouvelle fois demandé le retrait d'une réforme dont l'objectif est "de répondre aux attentes des marchés financiers".
Bernard Thibaut (CGT) a quant à lui dénoncé mardi des "mensonges" dans la communication gouvernementale, visant notamment le volet des départs anticipés pour ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans.
Sept organisations syndicales (CGT, CFDT, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires et FO) ont organisé mardi des rassemblements dans toute la France pour rappeler leur vive opposition au projet.
A Paris, des dirigeants nationaux doivent participer à une réunion symbolique à la mi-journée devant le ministère du Travail, tandis que des rassemblements sont également prévus en province
Pour les organisations syndicales, le rapport de forces dépend désormais de leur capacité à sensibiliser les salariés. Ils préparent une "mobilisation massive" pour le 7 septembre afin de peser sur le débat parlementaire.
"Ce qui aura une influence, c'est l'idée que nous nous ferons de la justice, ce n'est pas l'importance des manifestations", a toutefois prévenu Nicolas Sarkozy.