Un premier groupe de sept prisonniers politiques a quitté Cuba pour Madrid, dans le cadre d'un accord sur la libération graduelle de 52 opposants. Leur mise en liberté coïncide avec une rare apparition télévisée de l'ex-président Fidel Castro.
AFP - Un premier groupe de sept prisonniers politiques cubains ont retrouvé lundi soir leurs proches après sept ans de séparation pour gagner avec eux l'Espagne, dans le cadre d'un accord sur la libération graduelle de 52 opposants cubains incarcérés depuis 2003.
Cet départ a coïncidé avec une rare apparition télévisée de l'ancien président Fidel Castro, 83 ans, pour discuter non pas de ces événements mais de la situation au Moyen-Orient en relation avec le programme nucléaire iranien.
Ce sont sept opposants, et non pas onze comme annoncé initialement par Madrid, qui ont rejoint sous escorte policière leurs familles à l'aéroport de La Havane pour monter à bord des vols des compagnies Air Europa et Iberia attendus mardi en début d'après-midi à Madrid, selon des dissidents et l'ambassade d'Espagne.
Les opposants Lester Gonzalez, Omar Ruiz, Antonio Villareal, Julio Cesar Galvez, José Luis Garcia Paneque, Pablo Pacheco et Ricardo Gonzalez étaient accompagnés d'une trentaine de leurs proches. Ils sont les premiers du groupe des 52 à avoir été libérés.
Treize autres prisonniers politiques sont dans l'attente de leur départ vers l'Espagne dans les prochains jours, selon l'Eglise, médiatrice dans ce dossier.
A l'issue d'une rencontre mercredi dernier entre le président Raul Castro, le cardinal Jaime Ortega et le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos, l'Eglise avait annoncé la libération, dans un délai maximum de quatre mois, des 52 opposants restant derrière les barreaux de la vague de répression de mars 2003.
L'opposant Guillermo Farinas avait annoncé dans la foulée qu'il mettait un terme à 135 jours de grève de la faim pour la libération de 26 détenus malades et qu'il avait entamée après la mort controversée d'un détenu politique.
Il s'agit des libérations les plus massives de prisonniers politiques depuis que Raul Castro a pris il y a quatre ans la relève de son frère Fidel. Ce dernier avait libéré une centaine de détenus politiques peu après la visite historique à Cuba du pape Jean Paul II en 1998.
Mais en mars 2003, Fidel Castro avait ordonné l'arrestation au total de 75 opposants accusés de "collaborer" avec l'ennemi américain, ce qui avait provoqué un gel de la coopération avec l'Union européenne pendant cinq ans.
Pour le dissident Elizardo Sanchez, Fidel Castro a voulu marquer par cette apparition télévisée qu'il "est toujours là, qu'il continue à diriger, que c'est lui qui a donné l'ordre de les libérer".
A l'issue du processus annoncé, l'île communiste devrait compter encore une centaine de prisonniers politiques.
Les prisonniers devant s'exiler avaient été transférés dans une prison de La Havane où ils ont été "très bien traités", avait déclaré à l'AFP Alida Viso, épouse du journaliste Ricardo Gonzalez, 60 ans, avant son départ.
Les proches de détenus vivant ailleurs dans le pays ont été transférés par les autorités dans un hôtel se trouvant au sein d'une unité militaire de La Havane.
L'Espagne compte fournir "un premier appui logistique" aux anciens détenus et à leurs familles à leur arrivée à travers la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) et la Croix-Rouge, selon M. Moratinos qui plaide sans relâche en faveur d'un rapprochement de l'UE avec Cuba.
La décision de Cuba de libérer 52 prisonniers a été saluée par les Etats-Unis et l'UE, mais des dissidents ont déploré leur exil du pays où ils auraient été plus utiles, selon eux, pour la lutte pour les droits et libertés.
Cuba est sous embargo américain depuis 1962 et considère les opposants comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis.