La victoire de l'Espagne en finale de la Coupe du monde a consacré un collectif séduisant et soucieux de produire du jeu. Mais des joueurs auront particulièrement marqué de leur empreinte cette épopée sud-africaine. Portraits.
Au coup de sifflet final, alors que la Roja exulte et qu’une nation entière chavire, l’homme à l’origine du succès de l'Espagne, le sélectionneur Vicente Del Bosque, est resté fidèle à lui-même. Humble, modéré et presque gêné lorsque que ses joueurs l’ont porté en triomphe. Le successeur moustachu de Luis Aragones, vainqueur de
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}l'Euro-2008, a fait mûrir un groupe bâti pour gagner. "Cette Coupe du monde découle de ce que nous avons fait en 2008. C'est la continuité et la continuation de joueurs qui étaient déjà dans cette équipe. Nous avons reçu un très bel héritage, et nous avons tenté de le respecter", a-t-il déclaré à l’issue du match. Fin tacticien et amoureux du beau jeu, l’ancien entraîneur du Real Madrid, le dernier à avoir offert la Ligue des champions aux Merengue en 2002, entre dans la légende en remportant le premier titre mondial de l’histoire de son pays.
"San Iker"
Désigné meilleur gardien du tournoi, le capitaine de la Roja, Iker Casillas, a, lui, fondu en larmes à la fin de la partie, avant de brandir fièrement la Coupe du monde. Impérial en finale, il a remporté deux duels capitaux face à Arjen Robben. Décrié après une saison en demi-teinte et contesté avant le début de la compétition, le gardien du Real Madrid a démontré sa solidité mentale en alignant des performances de très haut niveau. Depuis la fin de la phase de poule, il n'a encaissé aucun but. Il s'est surtout illustré en quart de finale en arrêtant un penalty décisif contre le Paraguay. À 29 ans, "San Iker" est une légende : il a tout gagné en club et avec sa sélection. "Nous ne sommes pas conscients de ce que nous avons atteint. Nous le deviendrons avec le temps. C'est ce que nous voulions depuis que nous sommes petits", a-t-il expliqué après le match.
Puyol, le lion catalan
Devant Casillas, la défense espagnole s’est montrée intraitable, concédant seulement deux buts en 7 matchs. Le bouillant Carles Puyol est le patron de cette arrière-garde hermétique. La combativité et l’abnégation du Catalan sont aussi célèbres que sa longue tignasse bouclée. Formé à l’école du Barça, dont il est le capitaine aujourd’hui, il est pourtant l'un des joueurs les moins techniques de la Roja. Mais son tempérament de gagneur et ses qualités défensives l’ont rendu indispensable. Assurément l’un des meilleurs défenseurs du monde, Puyol a marqué l’unique but de sa sélection contre l’Allemagne en demi-finale. D’une tête rageuse. Un but qui l’a définitivement fait entrer dans l’histoire et pavé la voie au succès du 11 juillet 2010.
Iniesta, l’anti-star
Son coéquipier du Barça, Andres Iniesta a quant à lui inscrit le but le plus important de l’histoire du football ibérique. En surgissant à la 116e minute pour exécuter le gardien néerlandais, Iniesta a envoyé son équipe sur le toit du monde. Comme un symbole, ce joueur technique et intelligent fut la principale victime de la brutalité des Néerlandais au cours de la finale. Son activité et sa vivacité pendant les prolongations ont fini par faire craquer les Bataves. Pièce maîtresse de son club et de la Roja, Iniesta se caractérise sur tout par la justesse de son jeu de passe, quasi-chirurgicale. Grand artisan des grandes victoires du Barça et de l’Espagne, sa discrétion et son visage poupon l’ont peut-être empêché jusqu’ici de glaner une récompense comme le Ballon d'or. En marquant ce but en finale, cet archétype de l’anti-star est enfin sorti de l’ombre.
Villa, le matador
Co-meilleur buteur du Mondial, l’indispensable David Villa a marqué 5 des 8 buts marqués par la Roja en Afrique du Sud. En 2008, il affichait le même total de réalisations au terme de l’Euro. Même s’il est passé à côté de sa finale, le néo-Barcelonais s’est montré décisif à chaque fois que la Roja était en difficulté, compensant le mutisme de son compère en attaque, Fernando Torres. Ses buts contre le Honduras en poule ont relancé la machine ibérique après sa défaite initiale face à la Suisse. Ses buts en huitième contre le Portugal et en quart contre le Paraguay ont propulsé l’Espagne dans le dernier carré. À 28 ans, ce redoutable attaquant habile des deux pieds est au sommet de son art.