Plus d'un million d'Espagnols ont manifesté à Barcelone, samedi, contre la décision du Tribunal constitutionnel espagnol de limiter une partie des privilèges accordés à la Catalogne, une région bénéficiant d'une autonomie élargie.
AFP - Une manifestation pour défendre le statut d'autonomie élargi de la Catalogne, récemment remis en cause par la justice espagnole, a pris les allures, samedi à Barcelone, d'une démonstration de force et d'affirmation de la "nation" catalane.
Une foule compacte a envahi dans l'après-midi les grandes avenues du centre-ville pour signifier son rejet de la décision du Tribunal constitutionnel espagnol de limiter et gommer une partie des nouveaux privilèges accordés à cette riche région du nord-est de l'Espagne.
Le nombre des participants à ce rassemblement aux forts accents indépendantistes, a été estimé à 1,1 million par la police municipale.
Le cortège était précédé d'un immense drapeau catalan, accompagné du slogan "Nous sommes une nation, nous décidons nous-même" tandis que des milliers de bannières catalanes rouges et jaunes flottaient dans une foule avançant au pas.
Le maire socialiste de Barcelone, Jordi Hereu, a indiqué que la cité était "débordée" par cette manifestation "sans équivalent", avec une affluence supérieure au rassemblement historique de septembre 1977 pour réclamer un statut d'autonomie régionale qui avait réuni 350.000 personnes.
"Cette manifestation est le commencement de l'indépendance que nous voulons pour notre pays", la Catalogne, a commenté dans la foule Jordi Cau, un étudiant aux convictions indépendantistes affirmées.
"Cette décision du Tribunal constitutionnel a accru notre volonté d'indépendance", a estimé une autre participante, Julia Nadal, professeur dans la ville catalane de Sabadell.
Le rassemblement, organisé par Omnium Cultural, association pour la promotion de la langue et l'identité catalane, proche des indépendantistes, avait reçu le soutien des principaux partis de la région, à l'exception des conservateurs du Parti populaire (PP).
La grande coalition nationaliste de centre-droit CiU, les indépendantistes de gauche d'ERC et la branche catalane du Parti socialiste (PSOE) au pouvoir à Madrid, avaient appelé à se joindre à cette protestation, non sans arrières-pensées électorales avant le renouvellement du parlement régional à l'automne.
Le président socialiste du gouvernement régional José Montilla ainsi que ses deux prédécesseurs, le socialiste Pasqual Maragall et le nationaliste Jordi Pujol étaient présents dans le défilé.
Le président de CiU, Artur Mas s'est déclaré "ému" que "tant de gens" soient descendus dans la rue pour défendre "la dignité de la Catalogne".
"La Catalogne, loin de se rendre, se montre disposée à hausser la voix pacifiquement mais de manière ferme, pour rejeter la sentence du Tribunal constitutionnel contre le statut", a commenté M. Mas.
Cette démonstration de force intervient quelques heures après la confirmation par le Tribunal constitutionnel espagnol de son arrêt, rendu fin juin, dans lequel il gomme des aspects importants du nouveau statut d'autonomie, adopté en 2006 à l'issue d'un compromis entre PSOE et CiU.
La haute juridiction a estimé dans le détail de son arrêt, publié vendredi, que le terme de "nation" définissant la Catalogne dans le statut, n'avait pas de valeur juridique car "la Constitution ne connaît qu'une nation, l'Espagne".
Elle a aussi rejeté le caractère "préférentiel" de la langue catalane sur l'espagnol et écarté l'émergence d'une autorité de tutelle régionale pour la justice, réaffirmant l'unicité de l'autorité nationale, le Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ).