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Douze personnes jugées pour une affaire de trafic de faux tableaux

Douze personnes soupçonnées d'avoir mis en place un vaste trafic de faux tableaux évalué à plusieurs millions d'euros répondaient, cette semaine, de leurs actes devant le tribunal de grande instance de Créteil. Jugement le 16 juillet.

Des faux tableaux signés Picasso, Renoir, Chagall, Fernand Léger et Modigliani, vendus à des clients fortunés. Entre 1997 et 2005, ils auraient ainsi écoulé près de 100 toiles contrefaites et amassé plusieurs millions d'euros en se faisant passer pour des héritiers désargentés, pressés de disperser leur collection. L’affaire a été examinée cette semaine par le tribunal de Créteil, qui doit rendre son jugement le 16 juillet.

Parmi les prévenus, celui qui est soupçonné d’avoir orchestré l’escroquerie : un galeriste parisien, Pascal Robaglia. Selon le procureur, cet homme de 55 ans a "organisé le système" et "mis en place les combines" en appâtant des clients et en sollicitant des "comparses". "Vous avez dû faire Sup' d'escroc et pas Sup' de co", a-t-il lancé à cet ancien d'école de commerce et ex-cadre chez l'Oréal. Le parquet a requis cinq années de prison dont 18 mois avec sursis, et 150 000 euros d'amende contre lui.

"Si Picasso était encore vivant, il l’embaucherait"

Autre pivot du trafic : celui qui réalisait les faux, Guy Ribes. Un expert venu témoigner au tribunal en est encore abasourdi : "Je suis déjà intervenu dans beaucoup de dossiers de ce genre, mais je n’ai encore jamais vu un faussaire avec une telle palette d’artistes. Si Picasso était encore vivant, il l’embaucherait." L’avocat de l’intéressé, Me Antonin Lévy, renchérit : "C’est un faussaire mais c’est aussi un artiste."

Devant l’une des ses "œuvres", un faux Renoir, projeté sur un écran dans le prétoire, le faussaire commente : "C'est du mauvais travail. Ils [les commanditaires, ndlr] sont arrivés le matin et ils m'ont demandé ce Renoir pour le soir, ils sont partis avec le tableau sous le bras alors qu'il n’était pas encore sec !"

Guy Ribes, 61 ans, dont trente-cinq ans d'expérience dans les contrefaçons de tableaux de maître, assure avoir réalisé des tableaux à la demande d'intermédiaires. Il "se doutait" que le but de la manœuvre était frauduleux, mais affirme qu’il n’était pas au fait de l’ampleur du réseau. "J'étais le faussaire, c'est tout. Pour ces messieurs, j'étais moins que de la m... " Guy Ribes assure n’avoir tiré que très peu de bénéfices du trafic, "entre 1200 et 2000 euros" par mois, pour une escroquerie qui a rapporté des millions d’euros. "Les autres profitaient de moi et de mes problèmes financiers." Il se dit même "content" d’avoir été arrêté par la police, le 5 janvier 2005. Quatre ans de prison, dont trois avec sursis ont été requis à son encontre.

Une vingtaine de victimes en partie civile

Autre comparse : Gilles Ribert, qui aurait contrefait des certificats d’authenticité pour tromper les acheteurs. Contre lui, quatre ans de prison, dont trois avec sursis, ont aussi été requis. Au total, douze personnes âgées de 32 à 76 ans ont comparu devant le tribunal de Créteil. Les peines requises contre les autres prévenus s'échelonnent entre 2 ans de prison dont un avec sursis et 10 000 euros d'amende.

Une vingtaine de victimes se sont portées parties civiles. Certaines d'entre elles affirment avoir déboursé jusqu'à 300 000 euros pour acquérir ces toiles. Mais toutes n’étaient pas dupes, suggèrent les enquêteurs.