
"Le vrai problème, c'est le sélectionneur". Dans une interview aux "Inrockuptibles" à paraître ce jeudi, le défenseur s'en prend à l'ex-patron des Bleus, principal responsable, selon lui, de la piteuse campagne sud-africaine de l'équipe de France.
REUTERS - William Gallas désigne Raymond Domenech comme le principal responsable de l'échec de la France à la Coupe du monde de football en dénonçant son incapacité au dialogue et son obstination tactique.
Les Bleus ont été éliminés au premier tour du Mondial en Afrique du Sud sans gagner le moindre match au terme d'un séjour marqué notamment par une grève des joueurs protestant contre l'exclusion de Nicolas Anelka.
"S'il y a eu fiasco, il y a des raisons. Et pour moi il ne faut pas se voiler la face: elles viennent de l'entraîneur", déclare William Gallas dans une interview à paraître jeudi dans l'hebdomadaire Les Inrockuptibles.
"Vous pouvez avoir les meilleurs joueurs du monde dans votre équipe, si vous n'avez pas l'entraîneur qu'il faut, vous n'aurez pas de résultats", ajoute-t-il.
"On a atteint un ras-le-bol. Il y avait des années de frustration. Le vrai problème, c'est le sélectionneur. C'est un constat. Je n'ai pas été bon, on n'a pas été bons. Mais le coach n'a pas été bon non plus."
D'après le défenseur, la rupture entre les joueurs et Raymond Domenech est survenue après l'élimination au premier tour de l'Euro 2008.
"Domenech nous a martelé 'Mettez votre ego de côté". Mais je pense que lui a oublié de le faire", insiste le défenseur.
"IL AURAIT FALLU ESSAYER AUTRE CHOSE"
Pour William Gallas, les Bleus ont été confrontés à un "problème de communication" avec le sélectionneur.
"Domenech n'était pas ouvert. Beaucoup de joueurs ne pouvaient pas parler avec lui. C'était mon cas. Il dit qu'il nous écoute, qu'il y a un dialogue, mais à la fin il prend toujours sa décision seul", déclare le défenseur d'Arsenal.
"Ce qu'on dit n'a aucun poids. Donc, au bout d'un moment, on ne parle plus. Moi, je ne parlais plus. J'écoutais, je faisais ce qu'il me disait", ajoute-t-il.
Affecté par le fait que Raymond Domenech ne lui ait pas confié le brassard de capitaine, William Gallas regrette aussi les choix tactiques du sélectionneur.
"Après l'Euro 2008, on savait tous que ce 4-3-3, avec un seul attaquant en pointe, ne fonctionnait pas. Il fallait jouer avec deux attaquants. Mais on n'a même pas essayé alors qu'on a eu du mal à se qualifier et que l'on a galéré très longtemps. Au bout d'un moment, il aurait fallu essayer autre chose", dit-il.
Aligné seul en pointe de l'attaque à un poste qui ne lui convient pas, Nicolas Anelka a insulté Raymond Domenech après des reproches du sélectionneur à la mi-temps de la défaite 2-0 contre le Mexique. D'après Gallas, ces insultes témoignent d'un "ras-le-bol qui durait depuis des semaines".
"TOUJOURS ENVIE"
Nicolas Anelka a été exclu de l'équipe de France deux jours plus tard, après la publication de ses insultes par le journal L'Equipe. Le lendemain, les joueurs ont refusé de s'entraîner pour protester contre cette exclusion.
"L'idée de boycotter l'entraînement naît le dimanche matin, lors d'une réunion à laquelle assistent tous les joueurs (...) Tout le monde est d'accord pour boycotter l'entraînement. Les cadres n'ont pas du tout mis la pression. Nous voulions tous protester contre la décision prise par le coach et la Fédération", souligne William Gallas.
"Surtout que le coach a expliqué que ce n'est pas l'insulte qui a provoqué l'exclusion mais le fait qu'il n'y ait pas eu de dialogue après... Alors que c'est lui qui l'a refusé!" William Gallas dément en outre les rumeurs selon lesquelles certains leaders de l'équipe, dont Franck Ribéry, ne supportaient pas Yoann Gourcuff et le tenaient à l'écart.
"Il y avait une très bonne ambiance. (...) Certains joueurs ont plus d'affinités avec d'autres, ce qui est normal dans un groupe, mais il n'y avait pas de clans", dit-il.
"Yoann, je ne sais pas comment il est à Bordeaux, mais en équipe de France, c'est un joueur discret. C'est sa personnalité. Mais personne ne l'a écarté, je vous l'assure."
Yoann Gourcuff lui-même et les autres joueurs qui lui sont proches ne se sont pas publiquement exprimés depuis l'élimination de la France contrairement aux "cadres" tels que Patrice Evra, Eric Abidal ou Thierry Henry. Ces derniers ont eux aussi assuré que l'ambiance était bonne chez les Bleus.
William Gallas aura 33 ans le 17 août. Il compte 84 sélections et il se voit bien poursuivre sa carrière en équipe de France sous les ordres du nouveau sélectionneur, Laurent Blanc. "J'ai envie. J'ai toujours envie. Mais il n'y a que le terrain qui peut décider", dit-il.