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"Rigueur, discipline, plaisir". Tels sont les maîtres-mots qui devraient présider à la mission du nouveau sélectionneur de l'équipe de France. Morceaux choisis d'une première conférence de presse aux allures de discours de politique générale.

"Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de parler de l’avenir et non pas du passé." L’avertissement était attendu, il n’aura pas été écouté. Pour son premier grand oral face à la presse, Laurent Blanc, nouveau sélectionneur de l’équipe de France de football, n’a pas délivré d’enseignements majeurs. Tout au plus des perspectives.

Interrogé à plusieurs reprises sur le clash sud-africain des Bleus et sur les conséquences que cela pourrait avoir sur sa gestion du groupe, l'ancien international a habilement jonglé sans pour autant botter en touche, préférant évoquer l’avenir sportif de l'équipe et, dans un premier temps, la constitution du staff technique.

Un staff en préparation

Sur ce point déjà, l’ex-entraîneur de Bordeaux a délivré quelques noms à la presse, même s’il a confirmé que la constitution de l’ensemble de l’équipe était encore en gestation. Une chose est sûre, Jean-Louis Gasset, son adjoint au sein des Girondins, sera de la partie, tout comme Alain Boghossian, déjà en place du temps de Raymond Domenech.

Henri Emile fait également son retour dans la maison bleue, où il occupera un poste de coordinateur sportif. Même sort pour Philippe Tournon, déjà chef de presse de l’équipe de France de 1983 à 2004. Marino Faccioli, l’ancien directeur administratif de l’Olympique Lyonnais, occupera un poste similaire au sein de l’encadrement des Bleus.

"Même pas un pépin de melon !"

Laurent Blanc s'est montré en revanche moins disert sur la composition sportive de son groupe. Évoquant les difficultés inhérentes à toute "reconstruction", le nouvel homme fort des Bleus a insisté sur la restructuration d’un noyau de joueurs : "Après la Coupe du monde, on aurait pu penser que le nouveau sélectionneur puisse s’appuyer sur un noyau de joueurs. Après ce qui s’est passé, le noyau, ce n’est même pas un pépin de melon !"

S’il reconnaît avoir été "déçu par le comportement du groupe […] à 48 heures d’un troisième match contre l’Afrique du Sud", une attitude qu’il a qualifiée de "mal réfléchie", il a insisté sur le fait qu’il n’était pas "devenu sélectionneur pour être le père Fouettard" et qu’il n’était de toute manière "pas habilité à mettre des sanctions".

Mais bien qu’il considère que ce n’est pas à lui de "solder" ce "lourd passé", Laurent Blanc reconnaît malgré tout qu’il a été "indigné par certains comportements" et assure à demi-mot qu’il en tiendra compte "dans un futur proche". Des décisions qui ne sauraient être autres que "sportives" dans un premier temps, a-t-il cependant précisé.

Pas de sanctions disciplinaires

Interrogé en conférence sur les cas spécifiques des cadres suspectés d’avoir mené le mouvement de grève en Afrique du Sud (Patrice Évra et Franck Ribéry, notamment), il a confirmé que tous ces joueurs pourraient, s’il "les considère les meilleurs à leur poste, "être en Norvège" pour disputer le prochain match amical des Bleus, le 11 août. "Je ne veux pas rentrer dans le détail. Faites en sorte de me croire que j'aurai des discussions avec les intéressés. Je parlerai avec eux de ce qui s'est passé. Dans les textes de la FFF, il n'y a pas de sanctions disciplinaires. Moi, je ferai des choix qui seront sportifs."

Laurent Blanc s’est également épanché sur la nécessité de rendre de nouveau l’équipe de France "attractive" auprès des jeunes joueurs. "L'équipe de France doit redevenir le fil conducteur de leur carrière", a-t-il déclaré, tout en regrettant que les Bleus soient passés à côté de nombreux jeunes talents ces derniers temps. Un constat qui devrait rassurer les Benzema, Ben Arfa et autres jeunes joueurs en devenir qui sont restés aux portes de l’Afrique du Sud.

Opération séduction

Conscient de la scission entre les Bleus et ses supporters au fil des derniers mois, Laurent Blanc a insisté sur le fait que "l’équipe de France [appartenait] à tout le monde" : "Je pense que le football doit s'ouvrir. Prenons l'exemple d'autres sports collectifs. Il faut faire un effort. On a toujours la phobie de travailler et de ne pas dévoiler certaines choses mais en termes de football, les tactiques, tout le monde les connaît. Je ne veux pas que l'équipe vive repliée sur elle-même."

Il a également plaidé pour une normalisation des échanges entre la presse et le staff des Bleus, souhaitant des relations "dépassionnées, professionnelles, sérieuses et courtoises". Une mise à plat qu’il veut imbriquer dans un projet de plus grande envergure, avec la perspective de "récupérer d’ici deux ans une place dans le gotha du football européen, voire mondial".

"Avant cette Coupe du monde, notre équipe nationale pouvait se permettre d'affirmer aller à un Euro ou à une Coupe du monde pour la gagner. Désormais, j'attends de voir le nouveau classement Fifa. Nous risquons d'être classés au-delà de la dixième place, il faudra donc être humble", explique-t-il.

Un chantier énorme, comme il l’a reconnu face à la presse : "Rigueur, discipline et plaisir seront les maîtres-mots. Il ne reste plus qu'à se mettre au boulot. J'ai beaucoup d'ambitions sportives pour cette équipe de France, et j'y crois. On a un beau challenge à relever, difficile, très difficile, mais je vais essayer de mener l'équipe de France."

Des propos qui devront rapidement trouver écho auprès du groupe qu’il constituera dans les prochaines semaines. Le 11 août, la France se déplacera en Norvège en match amical. Une date déjà couperet puisqu’elle constituera une répétition essentielle avant d’accueillir la Biélorussie pour le premier match de la campagne qualificative pour l’Euro-2012 en Pologne et en Ukraine. Et l’échéance est fixée au 3 septembre.