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Les démissions de Joyandet et Blanc agitent la classe politique

Les réactions se multiplient après l'annonce de la démission d'Alain Joyandet et Christian Blanc, secrétaires d'État à la Coopération et au Grand Paris. Les deux hommes s'étaient fait épingler pour une utilisation controversée des deniers publics.

"Nous sommes en crise politique, le char de l’État n’est plus conduit", martèle Pierre Moscovici, député socialiste du Doubs, sur l’antenne de France 24, appelant à un changement de gouvernement. Les démissions, dimanche, d’Alain Joyandet, secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, et de Christian Blanc, secrétaire d’État au Grand Paris, n’ont pas apaisé le climat politique français plombé par des révélations du "Canard enchaîné" et par la mise en cause d’Éric Woerth dans l’affaire Bettencourt. Bien au contraire : depuis l’annonce des deux démissions, opposition et majorité s’accusent mutuellement de machination politique.

"Il y a manifestement une volonté, à travers ces démissions forcées, d’ouvrir un contre-feu [pour protéger Woerth], estime Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste (PS). Pour l’essentiel, nous ne relâcherons pas notre volonté de faire la clarté sur l’affaire Woerth." 

Des accusations que la majorité balaie d'un revers de main. "Les choses sont revenues à l’endroit", a simplement assuré Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, ce lundi. "Il fallait un peu de calme, de sérénité, face aux grandes réformes que nous sommes en train d’engager, notamment celle des retraites."

Diversion

Difficile cependant, pour l’opposition, de ne pas voir dans ces démissions une diversion destinée à sauver la tête du ministre du Travail, Éric Woerth, empêtré dans l’affaire Bettencourt. Celui-ci est accusé d’avoir été en position de conflit d’intérêt alors qu’il était ministre du Budget et que sa femme gérait la fortune de Liliane Bettencourt, héritière de l’empire du cosmétique L’Oréal et première contribuable française.

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"L'ARCHITECTE DE CE SYSTÈME, C'EST NICOLAS SARKOZY"

Le secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, avait été épinglé à deux reprises par le "Canard enchaîné". Une première fois pour une facture de 116 500 euros laissée au contribuable pour la location d’un jet privé pour un déplacement ministériel en Martinique. La seconde fois pour avoir obtenu un permis de construire illégal pour effectuer des travaux dans une propriété qu’il possède dans le Var.

L’hebdomadaire satirique s’est également intéressé au secrétaire d’État au Grand Paris, Christian Blanc, pointé du doigt pour s’être offert 12 000 euros de cigares avec l’argent de son ministère.

Pour Jean Daniel Levy, directeur du département politique-opinion de l’institut de sondages CSA, les polémiques concernant Alain Joyandet et Christian Blanc d'une part et l’affaire impliquant Éric Woerth d'autre part, ne doivent toutefois pas être confondues. "Nous sommes sur deux registres différents, explique-t-il à France24.com. Joyandet et Blanc ont profité de leurs situations pour améliorer leur quotidien. Au contraire, rien ne dit qu’Éric Woerth ait tiré un quelconque profit personnel de ses relations avec Liliane Bettencourt. Il s’agit dans ce cas d’un problème de caractère purement politique."

Sauver le soldat Woerth

Quoi qu'il en soit, pour la droite, il n'est pas question de lâcher le ministre du Travail, qu

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Les démissions de Joyandet et Blanc agitent la classe politique

i porte à bout de bras une réforme phare du mandat de Nicolas Sarkozy : la réforme des retraites, qu’il doit présenter au Conseil des ministres le 13 juillet.

Ainsi, les membres du gouvernement et de la majorité font front pour sauver le soldat Woerth. "Éric Woerth est victime d’une machination orchestrée par le Parti socialiste, estime ainsi Xavier Bertrand. A-t-il commis une faute ? Non. […] Pilonner sans cesse le ministre du Travail

est une façon, pour le PS, de gérer la réforme des retraites."

Pierre Moscovici, pour sa part, se défend d’une telle manœuvre politique. "[L’affaire Woerth] n’est pas une aubaine pour l’opposition. Ce n’est pas non plus une machination. Nous ne demandons pas la démission de M. Woerth, nous demandons une commission d’enquête parlementaire."

Pointant du doigt l’ambiance délétère régnant au sein du gouvernement, le député du Doubs n’hésite pas à plaider pour un "changement de gouvernement". "Ce gouvernement est à bout de course, il n’a plus la confiance ni des Français ni du chef de l’État. Ça ne peut pas durer comme ça", conclut-il.