Il y a un mois jour pour jour, le président allemand Horst Köhler démissionnait après une polémique provoquée par des propos sur la guerre en Afghanistan. Aujourd’hui, un collège de grands électeurs, composé des parlementaires et de représentants des régions, s’apprête à élire son successeur.
Pour Angela Merkel et son gouvernement, fragilisé par des revers électoraux et des querelles internes, cette élection fait figure de test. Or si Christian Wulff, le candidat de la coalition gouvernementale, a toutes les chances de l'emporter, son challenger Joachim Gauck a suscité un engouement sans précédent.
Cet ancien pasteur et militant des droits de l’homme en RDA a joué la carte du rassemblement, avec succès. Résultat, il séduit aussi à droite. "Mes liens avec les conservateurs et les libéraux sont très étroits, explique-t-il à FRANCE 24. Je les ai rencontrés à maintes reprises par le passé. Je ne peux imaginer que tous les députés de centre-droit voteront pour leur propre candidat."
Jamais une élection présidentielle et un candidat n’auront suscité autant d’intérêt en Allemagne. Chaque déplacement de Gauck est suivi de près par la presse, qui voit en lui le candidat du consensus, un candidat idéal pour les Allemands lassés des querelles politiques.
Face à lui, le candidat des partis de la coalition au pouvoir, Christian Wulff, fait pâle figure, même si les rapports de force au sein du collège des grands électeurs, réunis pour l’occasion, lui sont favorables.
Au sein de la CDU, Wulff est contesté. Pour Vera Lengsfeld, figure de la droite berlinoise, Gauck serait indéniablement le meilleur président, mais "on a fait de cette élection une élection-test pour la coalition gouvernementale et par conséquent, les chances de voir les grands électeurs voter pour le candidat de leur choix sont malheureusement très très minces".
Si le président était élu au suffrage universel, Joachim Gauck serait quasiment assuré de l’emporter. Sur internet, ses supporteurs se comptent par dizaines de milliers et fait unique dans l’histoire de la présidentielle, ils organisent des manifestations pour soutenir leur candidat.
Même la base des chrétiens-démocrates ne sait trop qui supporter dans la course au palais présidentiel. " Toute la question est de savoir si il faut faire élire Wullf à tout prix pour des raisons stratégiques ou si il faut au contraire choisir celui qui sera le meilleur président", analyse un jeune militant de la CDU.
Une question à laquelle devront répondre les grands électeurs. Mais la crise entre les partis de centre-droit au pouvoir est telle que les défections pourraient être au rendez-vous.
Les invités du Focus :
- Hélène MIARD-DELACROIX, historienne, professeur à l’université Sorbonne-Paris IV, membre du comité directeur de l'Institut franco-allemand
- Anne MAILLIET, correspondante France 24 en Allemagne, par téléphone de Berlin (Allemagne)
Émission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett