
Désignée par le président Barack Obama pour siéger à la Cour suprême, Elana Kagan, 50 ans, est auditionnée par le Sénat, première étape d'un marathon pour sa nomination, qui doit encore être approuvée en séance plénière.
AFP - Elena Kagan, candidate de Barack Obama pour siéger à la Cour suprême, entame lundi le marathon qui doit aboutir durant l'été à sa confirmation par les sénateurs américains, prêts à éplucher les moindres détails de sa biographie et de son passé.
La majorité démocrate pronostique que Mme Kagan, 50 ans, deviendra la neuvième juge de la plus haute institution judiciaire des Etats-Unis, dont les arrêts sur les armes, l'avortement ou la peine de mort façonnent durablement la société américaine.
Mme Kagan est actuellement l'avocate de l'administration auprès de la Cour suprême. Elle est la deuxième personne désignée par M. Obama pour y siéger après Sonia Sotomayor, la première hispanique membre de la haute juridiction dont la nomination a été approuvée l'an dernier au Sénat.
Elle doit remplacer John Paul Stevens, 90 ans, qui a annoncé son départ en avril et était considéré comme le chef de file de l'aile gauche de la Cour.
Mais à l'approche des élections législatives de novembre, l'opposition républicaine promet de livrer bataille contre la candidate du président, qu'elle a commencé à peindre sous les traits d'une militante de gauche.
Une accusation que l'intéressée fait tout pour démentir, afin de se présenter comme une juge impartiale.
"La chose la plus importante que j'ai apprise, c'est que personne n'a le monopole de la vérité ni de la sagesse", devait-elle déclarer lundi aux sénateurs, selon le texte de son intervention préliminaire diffusé à l'avance par la Maison Blanche. "J'ai appris que nous avançons en nous écoutant mutuellement, au-delà des divisions politiques et idéologiques apparentes".
Un argument qui risque d'avoir du mal à convaincre Jeff Sessions, le principal sénateur républicain qui siège à la commission de la Justice.
"S'il s'avère (lors des auditions) qu'elle est très en dehors du courant dominant, il se pourrait qu'on tente de bloquer sa nomination" a-t-il averti.
Après le décès lundi du doyen du Sénat Robert Byrd, les démocrates et leurs alliés ne détiennent plus que 58 sièges sur 100 au Sénat, ce qui laisse aux républicains une minorité de blocage de 41 sièges empêchant la majorité de clôturer les débats et de passer au vote.
M. Sessions critique aussi "le grand manque d'expérience" de la candidate: Mme Kagan serait la première personne depuis 40 ans à siéger à la Cour suprême sans avoir été juge auparavant.
Le président Obama a incité dimanche les sénateurs à poser des "questions difficiles" à Mme Kagan, estimant que les attaques dont elle a fait l'objet jusqu'ici étaient "de la roupie de sansonnet".
Après avoir auditionné Mme Kagan, la commission sénatoriale devra se prononcer sur sa nomination. Celle-ci devra encore être approuvée par le Sénat en séance plénière, vraisemblablement avant la fin juillet ou début août.
Confirmée, Elena Kagan deviendrait la benjamine de la plus haute juridiction des Etats-Unis et la quatrième femme à y être nommée après Sandra Day O'Connor, Ruth Bader Ginsburg et Sonia Sotomayor.
Et, pour la première fois de l'histoire des Etats-Unis, trois femmes siègeraient en même temps à la Cour, aux côtés de six hommes.
Les auditions devant la commission judiciaire du Sénat, imposées par la Constitution, sont retransmises en direct à la télévision et s'apparentent généralement à un passage au gril où tout est décortiqué: passé, expérience professionnelle, écrits de jeunesse, équité ou morale.