, envoyé spécial à Conakry, Guinée – Les bureaux de vote ont fermé en Guinée, où le scrutin présidentiel s'est apparemment déroulé sans troubles ni violences. La participation a été importante et le dépouillement des bulletins a commencé.
Après 52 ans de règne sans partage du "président à vie" Sékou Touré (1958-1984) et du "général-paysan" Lansana Conté (1984-2008), 12 mois d’un régime militaire fantasque et violent dirigé par Moussa Dadis Camara et six mois d’une transition organisée par Sékouba Konaté, 24 candidats - 23 hommes et une femme, tous civils - se sont disputé les suffrages des quelque quatre millions d’électeurs guinéens, ce dimanche, au cours du premier tour de l’élection présidentielle.
Parmi eux, trois sont présentés comme les favoris du scrutin : les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo (UFDG) et Sidya Touré (UFR), ainsi que l’opposant historique Alpha Condé (RPG).
Une campagne animée mais un scrutin serein
Les 8 424 bureaux de vote répartis dans tout le pays, ouverts depuis 7 heures dimanche matin, ont fermés leur portes peu après 18 heures locales, à l’issue d’une fin de campagne électorale agitée. Jeudi notamment, au moins un supporter de Cellou Dalein Diallo est décédé et une vingtaine d’autres ont été blessés lors d’un accrochage avec des partisans de Sidya Touré, quand les cortèges des deux candidats se sont croisés à Coyah, une bourgade située à 50 km à l’est de Conakry.
Toutefois, selon Paté Dieng, le directeur des opérations de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) guinéenne, aucun "incident n’a été signalé ni aux abords, ni dans les bureaux de vote" pendant le scrutin. Au cours d’une courte déclaration, celui-ci a également appelé les responsables des différents centres électoraux du pays à "continuer à recevoir les électeurs venus accomplir leur devoir de citoyen".
Alors que ni le taux de participation, ni le résultat partiel de l’élection n’avaient été divulgués en début de soirée, les observateurs internationaux ont, pour leur part, souligné dans un communiqué commun que le "processus électoral est loin d’être achevé […] et qu’il passe maintenant à la phase essentielle des opérations de décompte, de centralisation, et d’annonce des résultats." Ils ont également appelé "l’ensemble des candidats et leurs sympathisants à attendre les résultats complets et définitifs [du scrutin] dans la même atmosphère de sérénité et de tolérance qui a prévalu durant la campagne électorale, et à utiliser exclusivement les moyens légaux pour résoudre tout contentieux."
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© {{ scope.credits }}"Aujourd'hui, on est venu librement"
À l’image d’Aboubacar N’Diaye, les électeurs guinéens ont convergé en masse vers les bureaux de vote dès leur ouverture, attirés par le caractère inédit de l’événement.
"Ce dimanche est une journée historique. C’est le début d’une nouvelle ère pour la Guinée" explique ainsi celui-ci, qui a accompli son devoir de citoyen à l’école primaire Federico Mayor, dans la commune de Kaloum, à Conakry.
"Lors des précédents scrutins, c’était la pagaille, il y avait de la triche, ajoute Aboubacar. Quand tu voulais voter pour ton candidat, il y avait des gens qui te disaient : ‘Il faut qu’untel gagne, c’est ça qui fait l’affaire de la Guinée’. Mais aujourd’hui, on est venu librement. Personne n’est venu nous dire : ‘Il faut voter pour untel ou pour untel’. Il y a une vraie transparence."
Par mesure de précaution, la circulation urbaine et interurbaine a été interdite jusqu’à minuit dans le pays, dont les frontières sont restées fermées toute la journée.