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Le climat des affaires dans l'économie française se détériore

Le climat des affaires s'est dégradé au mois de juin, particulièrement dans le secteur industriel. Les entreprises restent pessimistes sur les perspectives de production.

REUTERS - Le climat des affaires s'est détérioré en juin dans l'économie française et en particulier dans l'industrie manufacturière, avec des inquiétudes de plus en plus fortes pour l'évolution de la demande, selon l'enquête de conjoncture publiée mercredi par l'Insee.

Si les industriels sont satisfaits de leur activité des semaines passées, leurs perspectives de production se dégradent nettement.

Calculé par l'Insee, l'indicateur synthétique du climat des affaires dans l'industrie a perdu deux points à 95, son premier repli depuis février, alors que 24 économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne une stabilité.

L'indicateur du climat des affaires dans son ensemble, en ajoutant les services, le bâtiment, le commerce de gros et le commerce de détail, a cédé un point à 96, le chiffre de mai ayant été révisé en hausse d'un point à 97.

La publication de l'enquête de l'Insee coïncide avec celle de l'institut privé Markit Economics qui signale aussi un ralentissement de la croissance dans l'industrie et une nette dégradation des anticipations des prestataires de services.

"Les industriels nous disent qu'aujourd'hui ça va pas mal mais que demain ça n'ira pas aussi bien", résume Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas.

"L'activité n'est pas mauvaise, elle est soutenue par la reconstitution des stocks et un certain dynamisme de l'activité, mais il y a un décrochage qui s'amplifie des perspectives de production", ajoute-t-elle.

Alors que l'opinion des industriels sur leur production passée est restée positive et nettement supérieure à la moyenne de long terme (solde de 21 contre 23 en mai et une moyenne de 5 depuis les débuts de l'enquête en 1976), le solde mesurant leurs
perspectives personnelles de production a chuté de dix points à
-7, au plus bas depuis août 2009.

L'AUTOMOBILE RECHUTE

L'appréciation sur les carnets de commandes s'est parallèlement dégradée de quatre points à -32, bien en-deçà de la moyenne (-17), malgré une amélioration pour les carnets de commandes étrangers (-33 contre -40 en mai) qui, même en
progrès, restent trop bas pour alimenter durablement la croissance de l'activité industrielle.

Frédérique Cerisier y voit le reflet d'inquiétudes grandissantes quant à l'ampleur des mouvements de consolidation budgétaire attendus l'an prochain dans les pays de la zone euro et de leur impact sur la croissance.

"Les industriels s'inquiètent du développement de la reprise en Europe et très concrètement des commandes. Même si le pire est passé, ils n'ont pas encore trouvé un niveau suffisant pour tabler durablement sur une croissance de l'activité", dit-elle.

Le constat est frappant dans le secteur automobile où les stocks se sont reconstitués mais avec des carnets de commandes qui se sont fortement dégarnis et sont désormais jugés très faibles, leur solde tombant à -74 en juin contre -16 le mois
précédent. L'opinion sur les perspectives de production au sein de la filière a du coup reculé de quatre points à -44.

L'enquête menée auprès des directeurs d'achats par Markit Economics propose un diagnostic similaire.

L'indice de production du secteur manufacturier n'a que marginalement diminué à 57 en juin, dénotant une croissance forte de l'activité récente. A 54,9, l'indice PMI pour le
secteur manufacturier reste nettement au-dessus de la barre de 50 à partir de laquelle il rend compte d'une expansion, mais il a accusé en juin sa deuxième baisse consécutive sur fond de ralentissement des entrées de commandes.

L'indice PMI des services a pour sa part légèrement progressé à 61,6, au plus haut depuis août 2006, mais sa composante mesurant les anticipations des chefs d'entreprise à un horizon de 12 mois a reculé de près de quatre points à 70,6.

Selon Chris Williamson, économiste chez Markit, l'enquête de juin est compatible avec une croissance du PIB de 0,6% ou 0,7% au deuxième trimestre mais fait craindre un ralentissement dans la deuxième moitié de l'année.