La déroute de la génération Anelka peut-elle être analysée comme une métaphore des dérives de la société française dans son ensemble? Un débat qui gagne en force, mais risque d’exonérer certains de leurs responsabilités.
"Nous sommes passés de la génération Zidane à la génération caillera". Par cette phrase, prononcée sur les ondes de France Inter, lundi, le philosophe Alain Finkielkraut confirme que le débat sportif autour de l’équipe de France vire à la foire d’empoigne sociologique.
itDe la célébration de l’esprit black-blanc-beur de 1998 à la mise à l’index de l’"esprit Anelka" ? "Il est évident que l’équipe de France est imprégnée de la culture banlieue, de la culture 'nique ta mère'", estime sur France 24 le sociologue Jean-Marie Brohm. Un pot-pourri culturel qui aurait un effet sur les performances des Bleus. Sur son blog, le journaliste spécialiste de l’éducation Emmanuel Davidenkoff estime qu’on trouve chez les joueurs le "refus de l’autorité, et la loi du plus fort" qui règne dans certaines écoles des quartiers difficiles. Et qui serait, en partie, responsable de l’échec scolaire comme de la déroute sportive…
Dieu argent
Une analogie qui serait pour certains un raccourci facile. Si la virée sud-africaine tourne à la débâcle, les joueurs pris individuellement "ont tous réussi au plus haut niveau en club à force de travail", pour Emmanuel Davidenkoff, malgré la supposée mauvaise influence des banlieues… Et puis, il faudrait savoir faire la distinction entre image publique et personnage privé selon Xavier Rivoire, journaliste à "France Football". "Dans l’intimité, Nicolas Anelka est un garçon très timide, très posé", assure-t-il sur France 24.
Enfin, "comment parler de culture banlieue pour des joueurs qui sont depuis longtemps milliardaires ?" s'interroge Xavier Rivière. Mais cette glorification supposée du dieu argent par les joueurs ne renvoie-t-elle pas à une obsession commune à tous les Français ? "Il n’y a pas de raison pour que l’équipe de France ne soit pas à l’image des Français", et vice-versa, affirme sur France 24, Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion et à l’Egalité des chances. "C’est à l’image d’une république bling-bling, arrogante et pervertie par l’argent", renchérit Jean-Marie Brohm. Un parallèle qui paraît surtout opportuniste à certains. "En 1998, les joueurs roulaient déjà en Mercedes et affichaient une certaine arrogance", rappelle Xavier Rivoire.
En fait, cette bronca contre les joueurs peut paraître un peu facile. "La responsabilité, au foot comme à l’école, est d’abord celle de l’encadrement", assure Emmanuel Davidenkoff. Pour certains, la FFF et Raymond Domenech profiteraient par ricochet de ces parallèles avec les dérives de la société pour passer au travers des mailles du filet de la critique.