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Naguère conquérants et victorieux, les Bleus d'aujourd'hui, empêtrés dans un psychodrame invraisemblable en Afrique du Sud, ont terni encore un peu plus une image bien écornée. Focus sur les conséquences d'un fiasco sportif et médiatique...

Knysna, le Field of Dreams, le "terrain des rêves", le 20 juin 2010. L'équipe de France s’enfonce dans la pire crise de son histoire et se ridiculise devant le monde entier. Pour protester contre l’exclusion de Nicolas Anelka, les Bleus défient la Fédération française de football (FFF) et refusent de s’entraîner à deux jours d'un match décisif contre l’Afrique du Sud. S’ensuit une altercation entre Patrice Evra et Robert Duverne, le préparateur physique des Bleus, sous les yeux des caméras, et la démission en direct de Jean-Louis Valentin, directeur délégué de la FFF. Les médias se déchaînent, le monde politique condamne, les supporteurs se désespèrent et les sponsors se défilent.

Quick et le Crédit agricole mettent un terme à leur campagne

Depuis le fiasco sportif de l’Euro-2008 , la demande en mariage en direct à la télévision de Raymond Domenech, la piètre campagne de qualification pour le Mondial , conclue par la main de Thiery Henry , et enfin l’affaire Zahia , l’image des Bleus est à la dérive. Les insultes d’Anelka et la mutinerie de Knysna sont venues corser l’addition. Certains sponsors, qui payent très cher pour exploiter l’image des Bleus, ont déjà réagi en interrompant prématurément des campagnes publicitaires en cours . "Ces deux évènements récents ont créé un préjudice et un impact négatif en termes d’image. La volonté de Quick et du Crédit agricole de suspendre rapidement leurs messages publicitaires respectifs avant le terme de leur campagne le démontre", analyse David Rouviere, responsable du département conseil de Derby , agence de marketing sportif.

Si le célèbre coup de tête de Zinedine Zidane en finale de la Coupe du monde 2006 avait momentanément détérioré l’image du joueur, cette fois, "l’acte concerté des Bleus a dégradé l’image de toute l’équipe même si les images individuelles d’Evra, de Ribéry et d'Anelka sont un peu plus endommagées que celles des autres joueurs", déclare Arnaud Butticaz, rédacteur en chef du magazine Sport Stratégies .

Lassitude du public

S'il est certain que l’image des Bleus soit au plus bas jusqu’à la fin de la Coupe du monde, qu'en sera-t-il sur le long terme ? "Dans deux mois, on ne reparlera plus de cette affaire. Car si c’est bien Laurent Blanc qui succèdera à Raymond Domenech , il y aura des changements et les sponsors pourront profiter d’une nouvelle image", explique Arnaud Butticaz. En effet, le contrat du futur équipementier des Bleus , Nike, entrera en vigueur en janvier 2011 et pourra donc associer son image à la nouvelle équipe.

Malgré le désamour du public, les marques gardent en tête que les deux premiers matchs des Bleus ont réuni 15 millions de téléspectateurs . Une aubaine en termes de visibilité. "Les investisseurs, qui suivent les tendances, observeront sur le long terme l’éventuel désintérêt ou la lassitude des gens envers le football. Si les comportements immatures des joueurs persistent, ils en tireront les conséquences", conclut David Rouviere. Avant même de prendre les Bleus en main, Laurent Blanc a déjà du pain sur la planche…