AFP - De nouveaux affrontements entre tribus arabes rivales ont fait 50 morts vendredi au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une recrudescence des violences, a affirmé samedi un chef tribal à l'AFP.

"Des membres des Rezeigat circulant dans neuf véhicules des +Gardes frontières+ (forces paramilitaires soudanaises présentes au Darfour et dans lesquelles sont intégrées plusieurs nomades arabes, ndlr) ont attaqué vendredi trois de nos villages, a dit à l'AFP, Ezzedine Eissa al-Mandil, un représentant de la tribu arabe rivale Misseriya.

"Les combats ont commencé à la mi-journée et se sont poursuivis jusqu'au coucher du soleil dans le secteur de Garsila", situé au sud de la ville de Zalingei, dans la région du Darfour-Ouest, a-t-il ajouté. "Nous avons dénombré un total de 50 morts. Il y a aussi 13 blessés de notre côté", a affirmé M. Mandil.

Aucun représentant de la tribu Rezeigat n'a pu être contacté afin de confirmer.

Le gouverneur du Darfour-Ouest, Jaafar Abdelhakim Ishaq Adam, a pour sa part confirmé à l'AFP que des affrontements avaient opposé vendredi la tribu Rezeigat à la Misseriya, mais n'a pas fait état de victimes.

"Nous avons déployé des hommes dans le secteur afin de séparer les belligérants. Nous ne savons pas pour l'instant le nombre de tués, mais il y a 17 blessés qui ont été transportés à l'hôpital", a dit le gouverneur.

Une quarantaine de casques bleus de la Mission de paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) se sont rendus samedi près de Garsila afin d'évaluer la situation sur le terrain, mais n'ont pu se rendre sur les lieux des combats, a dit à l'AFP Chris Cycmanick, porte-parole de la mission de paix.

"La population a averti nos soldats que les combats se poursuivaient. Selon les habitants, les combats ont fait jusqu'à 40 morts et dix blessés, mais il s'agit d'informations non confirmées", a ajouté M. Cycmanick.

Les Misseriya et les Rezeigat sont en lutte ouverte depuis la mort en février dans une embuscade d'un soldat de l'armée soudanaise originaire de la tribu des Misseriya. Ces derniers ont accusé les Nuwaybas - un sous-clan des Rezeigat - d'être à l'origine de ce décès et ont demandé le versement du "prix du sang" ainsi que l'accès aux auteurs présumés de ce crime.

Mais les deux parties ne se sont pas entendues et des combats ont commencé. Des chefs tribaux des Misseriya et des Rezeigat ont entamé le 3 juin dernier une conférence de réconciliation afin de mettre fin à leurs différends ce qui n'a pas empêché la poursuite des violences.

Plus d'une centaine de personnes ont perdu la vie depuis deux semaines lors de combats entre ces deux tribus du Darfour, selon des sources tribales. Les casques bleus ont confirmé au moins 41 décès.

Les violences ont fait au total près de 600 morts au Darfour en mai, mois le plus meurtrier depuis le déploiement en 2008 de la Minuad dans cette région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile, selon un document interne de la mission de paix.

Au conflit entre forces soudanaises et mouvements rebelles, s'ajoute la vague d'affrontements sanglants entre tribus arabes rivales et des actes de banditisme allant des braquages de véhicules au kidnapping de travailleurs humanitaires.