Le ministre du Travail, Éric Woerth, présentera son avant-projet de réforme des retraites mercredi, devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. L'intersyndicale appelle à une journée de grève et de manifestations le 24 juin.
AFP - Le gouvernement devrait arbitrer mardi soir sur les principales inconnues de la réforme des retraites, à l'issue de la journée d'action de FO, le Premier ministre ayant une nouvelle fois au cours du week-end souligné son intention de reporter l'âge de départ après 60 ans.
Alors que 56% des Français se disent préoccupés par le financement des retraites dans un sondage TNS Sofres lundi pour La Croix, le principe du report de l'âge de départ est acquis, comme sa mise en oeuvre progressive.
Mais le gouvernement, qui prévoit de présenter son projet de loi en conseil des ministres le 13 juillet, devra trancher entre une barrière à 62 ou 63 ans.
De même, les nouveaux financements prévus pour assurer à terme l'équilibre du système de retraites, venus d'entreprises ou de hauts revenus, sont à définir, ainsi qu'une batterie de mesures d'accompagnement concernant l'emploi des seniors et des bonifications accordées pour compenser la pénibilité du travail.
Une partie de la presse se faisait écho lundi matin de tensions au sein du couple exécutif sur la question de l'âge légal, avec d'un côté une ligne dure qui serait incarnée par le Premier ministre François Fillon en faveur des 63 ans, et de l'autre l'Elysée qui préférerait en rester à 62 ans, par crainte d'une rentrée sociale explosive.
Ces supposés désaccords ont été qualifiés de "fables" lundi matin par le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre. "La réalité c'est que des décisions seront prises par le président de la République, sans doute demain (mardi) soir", a-t-il dit sur Canal+. D'ici là, "l'ensemble des scénarios qui sont appuyés par les uns, par les autres, par Bercy, par le ministère des Affaires sociales (...) seront sur la table" a-t-il dit.
L'avant-projet devrait être rendu public mercredi par le ministre du Travail, Eric Woerth, qui s'exprimera notamment devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Le texte sera ensuite soumis à concertation "à un certain nombre de grands conseils, comme le Conseil supérieur de la fonction publique, le Conseil national de l'assurance vieillesse" a indiqué une source proche de l'Elysée.
Lundi matin, M. Woerth a aussi glissé qu'il souhaitait "dans les jours qui viennent" une annonce d'une réforme du régime de retraites des parlementaires.
Côté syndicat, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui organise une journée d'action mardi a d'ores et déjà renvoyé à la rentrée la "bagarre" contre la réforme gouvernementale des retraites, indiquant lundi "ne plus se faire d'illusion".
L'objectif de mardi est de "réaffirmer ce que nous refusons : un report de l'âge de la retraite à 60 ans, un allongement de la durée de cotisation et la remise en cause du Code de pensions des fonctionnaires", a-t-il dit.
Son homologue de la CFDT, François Chérèque, dont la centrale a approuvé la semaine dernière le principe d'une hausse de la durée de cotisation, a lui tiré sur le report de l'âge légal, estimant qu'il allait "accroître les inégalités", surtout pour ceux qui ont commencé à travailler tôt.
D'autre part, l'intersyndicale CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires, CFTC a haussé le ton en appelant à des grèves le 24 juin, date de sa prochaine journée d'actions contre le projet gouvernemental de réforme des retraites.
Les six organisations syndicales "constatent que le gouvernement persiste et signe dans son projet injuste sur les retraites. Dans ces conditions, la journée de grève et de manifestations du 24 juin (...) prend tout son sens", ont-elles souligné dans un communiqué commun.