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Le navire irlandais Rachel Corrie veut "briser le siège" de Gaza

Le cargo Rachel Corrie, affrété par une ONG irlandaise pro-palestinienne, compte passer outre le blocus israélien. Tel-Aviv a affirmé qu'il ne laisserait pas le navire pénétrer dans les eaux de l'enclave palestinienne.

AFP - Un cargo d'aide se rapprochait vendredi soir de la bande de Gaza, quatre jours après l'interception meurtrière d'une flottille en route pour le territoire palestinien, au terme d'une journée de mobilisation palestinienne et arabe israélienne sans incident majeur.

Le Rachel Corrie, affrété par une organisation irlandaise pour acheminer de l'aide humanitaire, espère arriver samedi matin à Gaza, selon les passagers.

Le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a réaffirmé que son pays entendait interdire l'accès au port de Gaza de ce cargo.

"Je viens d'indiquer au directeur général du ministère irlandais des Affaires étrangères que ce cargo ne pourra pas se rendre à Gaza sans être préalablement inspecté", a-t-il affirmé à la première chaîne publique de la télévision israélienne.

Auparavant, son ministère a publié un communiqué indiquant: "Nous n'avons aucun désir d'aborder le navire. Si le bateau décide d'aller jusqu'au port d'Ashdod, alors (...) nous ne l'aborderons pas".

Israël voudrait inspecter la cargaison pour s'assurer que le navire ne transporte pas d'armes ou de matériel de guerre et est prêt à livrer ensuite tout le chargement à Gaza, selon le texte.

"L'un des éléments qui nous parviennent est qu'Israël pense que nous allons diriger ce navire et sa cargaison vers Ashdod. Mais nous n'avons aucune intention d'aller à Ashdod qui est en Israël", a répondu l'Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la Paix, qui est à bord.

"Nous sommes partis pour livrer cette cargaison à la population de Gaza et ce que nous souhaitons faire, c'est briser le siège de Gaza", a expliqué Mme Maguire. "Nous n'avons pas peur".

"On nous a bien averti que les Israéliens avaient l'intention de nous stopper et de nous intercepter", a déclaré de son côté Denis Halliday, ancien haut responsable de l'ONU, également à bord. "Nous sommes donc prêts au pire mais en espérant que, peut-être, il y aura une exception et qu'Israël nous autorisera à amener cette cargaison à Gaza".

Mme Maguire a estimé acceptable l'éventualité que le cargo soit contrôlé par l'ONU ou un organisme indépendant pour vérifier qu'il ne transporte aucun matériel dangereux.

"Mais nous ne sommes pas disposés à autoriser Israël à le faire. Notre cargaison a été inspectée par des responsables du gouvernement irlandais, des responsables syndicaux à Dundalk (port d'Irlande du Nord) et des responsables du parti écologiste", a-t-elle relevé.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin, a pressé Israël de pas intercepter le bateau et l'a appelé à la retenue.

L'Irlande "a clairement indiqué qu'elle pensait que le Rachel Corrie devrait être autorisé à progresser vers Gaza et à y décharger sa cargaison humanitaire", a déclaré M. Martin.

"Ceux qui sont à bord du Rachel Corrie ont dit clairement que leurs intentions étaient pacifiques et indiqué qu'ils n'offriraient pas de résistance aux troupes israéliennes", a poursuivi M. Martin.

Transportant 15 personnes, de nationalité irlandaise et malaisienne, ainsi qu'un millier de tonnes d'aide, selon les organisateurs, le Rachel Corrie devait initialement faire partie de la flottille arraisonnée lundi.

A Gaza, où un comité d'accueil attend le bateau, le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a souhaité que "ces convois continuent pour briser le siège".

"La stratégie de l'ennemi a échoué et la stratégie de la patience a gagné à Gaza aujourd'hui", a-t-il estimé de la chaire de la mosquée, entre un drapeau palestinien et un drapeau turc.

Des prières à la mémoire des neuf "martyrs" de la flottille, tous turcs, dont un ayant également la nationalité américaine, ont été récitées dans les mosquées de Gaza.

Des manifestations à l'appel du Hamas et du mouvement radical Jihad islamique ont rassemblé des milliers de personnes brandissant des drapeaux turcs et palestiniens et scandant des slogans en faveur de la Turquie qui a décidé de réduire sa coopération économique et dans le domaine de l'industrie de la défense avec Israël.