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La Jirga de la paix s'ouvre au milieu des tirs de roquettes

Des attaques à la roquette revendiquées par les Taliban ont perturbé l'ouverture de la Jirga de la paix, assemblée qui réunit à Kaboul 1 600 représentants des tribus et de la société civile. Les travaux n'ont toutefois pas été interrompus.

La Jirga de la paix qui a ouvert ce mercredi à Kaboul a été perturbée par des tirs de roquettes dès son ouverture. Cette assemblée, convoquée par le président Hamid Karzaï et réunissant plus de 1600 représentants des tribus et de la société civile, doit trouver un consensus national pour savoir sur quelles bases engager des négociations avec les Taliban.

Notre correspondante à Kaboul, Claire Billet, se trouvait dans la tente où se déroule la Jirga lorsque les premières explosions ont retenti. "On a entendu une lointaine explosion alors que le président faisait son discours inaugural", témoigne-t-elle. Hamid Karzaï s'est alors interrompu et a lancé avec humour : "Quelqu'un essaie peut-être de tirer une roquette." Puis il a ajouté sous les applaudissements : "Soyez sans crainte, continuons."

Deux kamikazes tués

"Un quart d’heure plus tard, une deuxième explosion a retenti, poursuit Claire Billet.

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Notre correspondante était sous la tente au moment des explosions
La Jirga de la paix s'ouvre au milieu des tirs de roquettes

Hamid Karzaï a été sorti de la tente et les délégués ont suivi. La troisième roquette a sifflé au-dessus de nos têtes alors que nous sortions de la tente. Les conditions de cette Jirga sont extrêmement tendues et la durée de cette assemblée extraordinaire risque d’être écourtée."

Un photographe de l'AFP a constaté qu’un total de cinq roquettes a explosé. Les Taliban ont revendiqué ces attaques. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Taliban, a précisé à l’AFP que le commando était muni de roquettes, d’armes légères et de ceintures d'explosifs. De son côté, le ministère de l'Intérieur annonce avoir encerclé des "terroristes" retranchés dans une maison près du lieu de la Jirga, surveillé par 12 000 membres des forces de sécurité. Deux kamikazes ont été tués et un troisième capturé, selon les organisateurs, qui ont fait savoir que les assaillants étaient dissimulés sous des burqas.

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La Jirga de la paix s'ouvre au milieu des tirs de roquettes

Les Taliban dénoncent régulièrement la Jirga comme un outil de "propagande" des "forces d'invasion". Pour Fabrice Pothier, directeur de Canergie Europe à Bruxelles et spécialiste de l’Afghanistan, les Taliban ont souhaité montrer par cette action qu’il faut compter avec eux. "Les Taliban savent s’inviter de façon spectaculaire et malheureusement violente, et rappeller au souvenir du président que ce sont des acteurs qui comptent, commente-t-il. Il faut être prudent sur cette assemblée. C’est un exercice de haute voltige politique pour le président Karzaï et sa survie politique. Sa légitimité a été profondément affaiblie par les élections de l’année dernière."

Les Taliban absents de la Jirga

Avec cette Jirga de la paix, Hamid Karzaï tente en effet d’obtenir un consensus sur les négociations avec les Taliban. "C’est une tentative de conciliation nationale, comme le président afghan souhaite le faire depuis plusieurs années", rappelle Claire Billet.

Mais l’absence des Taliban sous la tente de négociations rend caduque toute tentative de pourparlers. "Les autorités afghanes n’a pas amorcé le vrai processus politique avec les Taliban, commente Fabrice Pothier. Les Taliban, les Pakistanais et les Américains, les acteurs qui comptent vraiment pour ce processus politique, ne sont pas sous la tente." Et selon ce spécialiste de l’Afghanistan, le système tribal dans le sud du pays a été tellement affaibli, fragmenté et parfois détruit par trente ans de guerre civile que les chefs locaux n’ont pas le poids nécessaire pour faire avancer significativement la réconciliation nationale. La Jirga doit se tenir jusqu’à vendredi.