logo

Le président fédéral allemand Horst Köhler a présenté sa démission, après avoit tenu des propos controversés sur l'engagement militaire de son pays en Afghanistan : une question sensible depuis près de dix ans.

Attention terrain plus que glissant ! La participation militaire allemande en Afghanistan a coûté son poste au président Horst Köhler, qui a démissionné lundi, quatre jours après avoir laissé entendre à la radio que la Bundeswehr (armée allemande) était également en Afghanistan pour défendre les intérêts économiques du pays. Il n’a pas donné de raison officielle à son départ, mais ses propos avaient suscité une telle polémique qu’il est difficile de ne pas faire le lien.

Difficile surtout pour un politicien de prendre position sur l’engagement en Afghanistan, tant le sujet est sensible en Allemagne. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays rechigne à toute opération militaire à l’étranger. Fin 2009 encore, un sondage publié par la chaîne allemande ARD indiquait que 69 % des Allemands étaient hostiles à la présence de soldats allemands en Afghanistan ou ailleurs. Actuellement, 4 500 Allemands sont stationnés en Afghanistan.

Lorsqu’en 2001, le gouvernement socialiste de Gerhard Schröder fait voter le principe d’une participation à la lutte internationale contre le terrorisme, il n’obtient la majorité requise au Parlement que de deux voix. Le chancelier avait même dû invoquer un vote de confiance sur sa politique générale pour faire passer la pilule. L’époque était pourtant alors à la solidarité avec les Etats-Unis, frappés par les attentats du 11-septembre.

Épée de Damoclès

Depuis lors, la mission allemande dans la ville de Kunduz, en Afghanistan, représentait une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque gouvernement. Lors des élections de 2005, le parti de gauche radicale Die Linke a dû une partie de son succès (8,7% de votes) à sa demande de retrait immédiat d’Afghanistan, rappelle le quotidien libéral le Frankfurter Allgemeine. Le mouvement avait fait de ce thème l’un de ces chevaux de bataille, relayant l’opinion de 55% des Allemands.

La chancelière CDU Angela Merkel a de son côté toujours pris soin de rester aussi loin que possible de la question militaire afghane. A tel point qu’elle a fait l’impasse sur la conférence internationale de janvier à Londres sur l’avenir de l’Afghanistan. Mieux, jusqu’à cette année, aucun politicien n’a jamais évoqué le terme de "guerre" pour qualifier la situation sur place. Il a fallu attendre février pour que le nouveau ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, brise ce tabou. La chancelière n’a finalement accepté de suivre son ministre sur cette question qu’à la fin du mois d’avril : un mois seulement avant la bourde présidentielle. Une polémique dont la chef du gouvernement se serait volontiers passée. Depuis la révélation des propos de Horst Köhler, la chancelière n’a officiellement "rien à ajouter au débat". Tout juste déplore-t-elle le départ d’un "ami".