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Les chefs d'État africains qu'on ne verra pas à Nice

Le XXVe sommet Afrique-France se tiendra les 31 mai et 1er juin à Nice, en présence de 38 chefs d'État et de gouvernement africains. Mais sans les hautes personnalités du continent qui n'ont pas été invitées. Ou qui ont daigné s'y rendre.

La photo de famille se doit d’être belle. Pour son premier sommet Afrique-France, Nicolas Sarkozy entendait réunir à Nice (sud-est de l'Hexagone) le maximum de dirigeants du continent noir. Et, pourquoi pas, faire mieux que son prédécesseur, estampillé "grand ami de l’Afrique", Jacques Chirac, qui, lors sa dernière grand-messe franco-africaine en 2007 à Cannes, était parvenu à rassembler à ses côtés une quarantaine de ses homologues africains. Pari en partie réussi pour l’actuel locataire de l’Élysée, puisque 38 chefs d’État et de gouvernement ont d’ores et déjà confirmé leur présence sur la Côte d’Azur, les 31 mai et 1er juin prochains.

Paris peut déjà se féliciter de la présence de chefs d’État qui ont gagné en visibilité sur la scène internationale : le Sud-Africain Jacob Zuma, dont le pays accueille la Coupe du monde de football du 11 juin au 11 juillet, le Nigérian Goodluck Jonathan, à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique, ou encore le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui se fit le porte-voix du continent lors du sommet de Copenhague sur le changement climatique, en décembre 2009.

L’Algérien Bouteflika répond présent

Après plusieurs semaines de spéculations, l’Élysée a également confirmé la venue de l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, dont la présence à ce sommet en partie consacré au 50e anniversaire de la décolonisation, revêt une importance particulière. Le numéro un algérien sera, avec le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le seul chef d’État du Maghreb à se rendre à Nice.

Aucune chance, en revanche, d’apercevoir Omar el-Béchir et Robert Mugabe sur la Promenade des Anglais. Tous deux "persona non grata," le président soudanais, sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), et son homologue zimbabwéen, interdit de séjour sur le sol européen, ont été priés de se faire représenter. Une "faveur" que Paris a refusée au Malgache Andry Rajoelina, autoproclamé président de la Haute autorité de transition après le coup d’État armé de mars 2009. De fait, le pays hôte du sommet n’a pas daigné envoyer de carton d’invitation aux autorités de Madagascar, dont la présence à Nice risquait de déplaire à l’Union africaine (UA) et aux pays de l’Afrique australe qui n’ont jamais reconnu la légitimité du nouveau régime malgache.

Difficile, dès lors, de comprendre pourquoi le Guinéen Sékouba Konaté et le Nigérien Salou Djilo seront accueillis à Nice. Portés à la présidence à la faveur d’un putsch militaire, les deux hommes en uniforme se sont engagés à rendre le pouvoir aux civils : le premier dès le 27 juin, date de la prochaine élection présidentielle, le second dans un peu moins d’un an. Il n’en fallait pas plus pour que Paris leur déroule le tapis rouge...

L’Ivoirien Gbagbo et le Congolais Kabila déclinent

Convié à venir prendre part aux festivités, le Libyen Mouammar Kadhafi a, de son côté, décliné l’invitation. Sans grande surprise : l’homme fort de Tripoli n’a jamais, depuis la première grand-messe franco-africaine de 1973, participé à un quelconque sommet Afrique-France. Plus étonnante est la défection de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, dont les relations avec Paris semblent s’être normalisées depuis le départ de Jacques Chirac de l’Élysée. Excusé pour des raisons de "sécurité intérieure", il sera représenté par Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social de Côte d’Ivoire.

Mais l’absence la plus remarquée sera sûrement celle de Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC). Peu coutumier des grands raouts internationaux, le numéro un congolais sera représenté durant ces deux jours par son ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. Une défection qui n’arrange en rien les affaires de Paris, qui souhaitait profiter du sommet de Nice pour réunir autour d’une même table les dirigeants des pays des Grands Lacs (Burundi, Ouganda, RDC et Rwanda) et renforcer ainsi son influence dans la région.

L’Élysée pourra toujours se consoler avec la présence du Djiboutien Ismaël Omar Guelleh et de l’Érythréen Isaias Afeworki, dont les deux pays sont engagés depuis plusieurs années dans un conflit frontalier. Bien qu’elle se défende de vouloir mener une médiation déjà assurée par le Qatar, la France se verrait bien jouer un rôle dans le dossier. Au moins pendant ces deux jours. Une poignée de mains entre les deux hommes ferait, elle aussi, une belle photo.