Au moins 80 personnes ont péri et plus de 200 ont été blessées dans le déraillement d'un train au Bengale occidental, dans l'est de l'Inde. Les autorités attribuent le sabotage du train à un groupe soutenu par la guérilla maoïste.
Le porte-parole d'un groupe soutenu par la guérilla maoïste, le "Comité du peuple contre les atrocités de la police" (PCPA), a démenti auprès de l'agence Press Trust of India (PTI) toute responsabilité. PTI avait précédemment indiqué qu'un interlocuteur se réclamant de ce groupe revendiquait le sabotage.
La piste maoïste a été évoquée dès les premières heures après l'accident. La ministre des Chemins de fer, Mamata Banerjee, a dénoncé dans la matinée une "attaque maoïste". "C'est un acte évident de sabotage. Les maoïstes l'ont fait", a confirmé un peu plus tard le chef de la police de l'Etat du Bengale occidental, Bhupinder Singh.
Les circonstances exactes de l'accident restent floues. "Au départ, les autorités ont parlé d'une explosion, puis d'un sabotage des rails, précise Miyuki Droz Aramaki, la correspondante de FRANCE 24 à New Delhi. Puis la ministre des Chemins de fer, qui s'est rendue sur place, est revenue sur la théorie de la bombe, en disant qu'il y avait des traces de TNT et de gélatine."
"L'accident a eu lieu dans la région du Bengale occidental, qui est un bastion de la guérilla, explique Miyuki Droz Aramaki. Selon des journalistes locaux, des pamphlets maoïstes ont été retrouvés sur les lieux. Les insurgés n'en sont pas à leur première attaque de trains dans cette région."
Attaques régulières
Cette attaque est le seconde de la guérilla maoïste - les naxalites - contre des civils en un mois. Les insurgés ont fait exploser un bus le 17 mai dans l'Etat de Chhattisgarh, tuant au moins 35 personnes. Ils attaquent aussi régulièrement les forces de police, les édifices publics et les infrastructures. Soixante-seize policiers ont été tués en avril, lors d'une attaque menée par des centaines d'insurgés dans le Chhattisgarh. En quarante ans, l'insurrection a fait des milliers de morts. Les naxalites constituent "le plus grand défi à la sécurité intérieure du pays depuis l’indépendance", avait affirmé il y a déjà plusieurs années le Premier ministre indien Manmohan Singh.
Les rebelles maoïstes ont intensifié leur guérilla ces derniers mois, en riposte à une offensive de l'armée qui essaye de les déloger de leurs bases dans la jungle. L'opération "Chasse verte", lancée dans six Etats, mobilise 56 000 membres des forces paramilitaires, aidés par la police locale. Les naxalites, qui compteraient entre 10 000 et 20 000 combattants et des dizaines de milliers de sympathisants, affirment lutter pour les droits des pauvres et des sans-terres.
"Pour éviter de nouvelles attaques, les autorités ont décidé pour l'instant de modifier les horaires de tous les trains traversant des zones maoïstes, ajoute Miyuki Droz Aramaki. Cela correspond à un tiers des districts du pays."