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N'Djamena promet d'assurer la sécurité des civils après le départ de la force de l'ONU

Le gouvernement tchadien assure qu'il n'y aura pas de vide sécuritaire après le retrait de la Minurcat, qui doit quitter le pays d'ici à décembre. Le président Idriss Déby s'oppose à la reconduction du mandat de cette mission de l'ONU.

AFP - Le gouvernement tchadien s'est défendu mercredi de créer "un vide" sécuritaire après l'annonce du retrait de la force internationale du pays avant décembre, mais malgré un ton diplomatique conciliant d'un responsable onusien, ONG, rebelles et opposition s'inquiètent.

"Le départ de la Minurcat (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad) ne pourra pas laisser un vide puisque la relève est assurée par les DIS (Détachements intégrés de sécurité, policiers et gendarmes tchadiens formés par l'ONU pour veiller sur les camps de réfugiés)", a affirmé le ministre des Affaires étrangères tchadien Moussa Faki.

Dans sa résolution 1923 adoptée à l'unanimité de ses quinze membres, le Conseil de sécurité de l'ONU a organisé le retrait en deux temps de la Minurcat qui devra être partie avant le 31 décembre.

Le président tchadien Idriss Déby Itno s'opposait à la reconduction du mandat de la Mission, qu'il considère comme un échec.

M. Faki s'est voulu rassurant promettant notamment de protéger camps et civils grâce aux DIS, aux forces de sécurité, mais aussi à la mise en place de la force mixte Tchad-Soudan de 3.000 hommes.

"Sans aucun doute, l'amélioration des relations entre le Soudan et le Tchad est source d'espoir et peut avoir des effets sur la sécurité mais la situation n'est pas réglée", a affirmé sous couvert de l'anonymat un observateur avisé du pays.

En tournée au Tchad depuis cinq jours, John Holmes le secrétaire général-adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires, a souligné que "le gouvernement a des forces dans le secteur" et il a reconnu aussi que "la tendance sur les six derniers mois est à une amélioration de la sécurité".

Mais il avoue qu'il est "difficile de savoir si la situation sécuritaire va empirer ou s'améliorer"

"La discussion est terminée, la résolution passée, alors il faut s'ajuster à la nouvelle donne, s'adapter à la réalité et faire en sorte que ça marche", a-t-il estimé.

"Le départ de la Minurcat dans les prochains mois n'était pas ce que nous aurions préféré et nous l'avons fait savoir auparavant", a-t-il rappelé.

Les travailleurs humanitaires, qui sont amenés à collaborer avec le gouvernement tchadien comme la Minurcat, témoignent sous couvert de l'anonymat. "Il faut attendre mais avec le départ, il faudra être plus vigilant. Il peut y avoir une multiplications des attaques", estime l'un d'eux.

La rébellion de l'Union des forces de résistance (UFR), qui rassemble plusieurs factions rebelles tchadiennes, estime que l'ONU ne "prend pas la mesure de sa décision. Les populations vont être livrées à une totale insécurité. Idriss Deby sait très bien qu'il n'a pas les moyens de les (les populations) protéger", a souligné Abderaman Koulamallah, porte-parole du mouvement, joint au Soudan.

Le député fédéraliste et opposant Ali Golhor Gabriel s'interroge sur le fait que le départ de la Minurcat coïncide avec le processus électoral (législatives en novembre, municipales en décembre et présidentielle en 2011).

"Pourquoi le président a-t-il choisi le moment du processus électoral pour demander le départ de la Minurcat ? Le moment est mal choisi", a-t-il dit.