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Derrière les projets de réforme des retraites, la bataille politique

L’UMP doit dévoiler, ce mardi, ses propositions pour la réforme des retraites. Le parti majoritaire devrait défendre un allongement de la durée de cotisation. Une position jugée "nécessaire" mais non dénuée d'arrière-pensées politiques.

Après le poids des mots, le choc des projets. Si, depuis plus d’une semaine, le Parti socialiste (PS) a pris l’ascendant dans le débat sur les retraites grâce à ses propositions, le gouvernement compte bien reprendre la main. Le projet de l’UMP doit être dévoilé ce mardi. Le parti du président compte bien capitaliser sur les désaccords au sein de l’opposition.

L’UMP devrait proposer dans l’après-midi un recul de l’âge du départ à la retraite de 60 à 62 ou 63 ans. "Le tabou va tomber, et en dépit des dénégations, le principe en est certain. Chritian Estrosi, le ministre de l’Industrie, l’a confirmé dimanche", assure sur son blog mardi Dominique Seux, rédacteur en chef de la rubrique France au quotidien Les Échos. En outre, le projet pourrait prévoir un allongement de la durée de cotisation pour que les salariés puissent bénéficier d’une retraite à taux plein.

Le cœur du dispositif - le recul de l’âge de départ à la retraite - permet surtout aux ténors de la majorité de s’en prendre à l’opposition. "S’il n’y avait pas eu le passage de 65 à 60 ans en 1982, la branche vieillesse du régime général [des retraites] serait à l’équilibre", tacle ainsi Bernard Accoyer, le président de l’Assemblée nationale.

Faille

Et puis au Parti socialiste ne règne pas une franche entente sur la question. Certes, sa Première secrétaire, Martine Aubry, défend mordicus le départ à la retraite à 60 ans comme "acquis social". Problème : Dominique Strauss-Kahn, considéré comme un potentiel candidat socialiste à la présidentielle de 2012, est bien plus nuancé sur la question que sa camarade… Le 20 mai, sur France 2, l’actuel directeur du FMI a assuré qu’il n’y avait pas "de dogme" sur l’âge de la retraite.

Une faille dans l’unité de façade du PS que l’UMP compte bien exploiter. Les socialistes "disent non à tout parce qu'ils ne sont pas d'accord entre eux. C'est ça le fond du problème", a assuré mardi sur Canal + la secrétaire d'État à la Prospective, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Dans un contexte de crise, la droite entend jouer la carte de la réforme douloureuse mais nécessaire. Et faire passer ses adversaires de gauche pour des irresponsables. Xavier Bertrand, patron de l’UMP, a ainsi jugé le 19 mai le projet du PS d’"anti-économique". Le Premier ministre, François Fillon, est également monté au créneau, vendredi, qualifiant les positions de ses adversaires politiques de "déni de réalité".

En réponse à ces attaques, Martine Aubry a confirmé, dans un entretien au Parisien, son soutien à la retraite à 60 ans et estimé qu’elle n’avait pas de "leçon de gestion à recevoir" de la part d’un parti, "quand on voit la situation dans laquelle [il a mis la France]".