
"Oncle Boonmee" du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul a créé la surprise en recevant la Palme d'or. Le Prix d'interprétation féminine est décerné à Juliette Binoche. Retrouvez tout le palmarès, ainsi que nos critiques de film.
Le jury du 63e Festival de Cannes a récompensé un long-métrage sélectionné sur le tard, et peut-être pas le plus attendu de la Croisette : “Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures", du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.
Le film relate l’histoire d’un vieil homme - oncle Boonmee, donc – qui, souffrant d’une maladie des reins, est contraint de se mettre au vert. L’homme reçoit la visite de sa femme décédée et de son fils, réincarné en gorille aux yeux rouges…. Tout comme dans son précédent opus présenté à Cannes en 2004 ("Tropical Malady", Prix du Jury), le cinéaste thaïlandais embarque le spectateur dans un monde débordant d’imagination et de drôlerie. De quoi séduire le président du jury, Tim Burton, avait prédit l’un de nos envoyés spéciaux à Cannes, Jon Frosch (lire la critique du film).
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}“Un moment très important pour l'histoire de la Thaïlande“
Lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie du palmarès, Tim Burton a parlé d’“Oncle Boonmee“ en des termes élogieux : il dit avoir traversé “un rêve étrange et magnifique“ en voyant le film. De la part de l’auteur du récent “Alice au Pays des Merveilles“, c’est un compliment de poids. Plus caustique, Benicio del Toro, membre du jury, affirme avoir surtout aimé "la scène du karaoké".
En recevant la Palme d'or, le cinéaste thaïlandais, âgé de 40 ans, a pris la mesure de l’événement pour son pays. "C'est un moment très important pour l'histoire de la Thaïlande, du cinéma thaïlandais, c'est une grande première."
Le Grand Prix est revenu au Français Xavier Beauvois pour “Des Hommes et des Dieux“, que beaucoup de festivaliers auraient bien vu comme lauréat de la Palme d’or.
Le Prix d’interprétation féminine a été décerné à Juliette Binoche, pour son rôle dans “Copie conforme“ de l’Iranien Abbas Kiarostami, tourné en Toscane. L’actrice française, qui y figure à quasiment tous les plans, laisse découvrir dans son jeu plusieurs strates de désir, de colère et de regret.
Petite particularité de ce 63e Festival de Cannes, le double Prix d’interprétation masculine, qui est revenu à l’Espagnol Javier Bardem, pour son rôle dans "Biutiful" d’Alejandro González Inarritu, et à l’Italien Elio Germano, qui joue dans la "Nostra Vita" de Daniele Luchetti. Les deux acteurs incarnent des pères de famille désorientés.
Le cinéma africain récompensé
"Poetry" du Sud-Coréen Lee Chang-dong est récompensé du Prix du scénario, alors qu’on l’attendait plutôt dans la catégorie d’interprétation féminine, pour le rôle de grand-mère joué par Yun Jung-hee. Le film narre l’histoire d’une femme d’environ 60 ans, élégante et courageuse, amatrice de poésie à qui l’on vient de diagnostiquer… la maladie d’Alzheimer.
Le Prix de la mise en scène est décerné àMathieu Amalric pour "Tournée". Il faut dire que sous l’œil du jeune acteur-réalisateur français, les silhouettes enrobées des strip-teaseuses, surnommées "Kitten", "Keys" et "Dirty Martini", se révèlent être des bombes cinématographiques : charnelles, débordantes de bagout et d’esprit.
Enfin, le cinéma africain a été récompensé, via le film du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, "Un homme qui crie", qui a reçu le Prix du Jury. Alexandre Desplats, membre du jury, a salué la "portée universelle" du film, qui oeuvre comme une "tragédie grecque".
Mike Leigh, qui avait présenté "Another Year", part les mains vides. Son film avait été pourtant très apprécié de la presse… Mystère.