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Bien qu'opposé à une coalition de huit formations d'opposition, le parti du Premier ministre sortant Meles Zenawi, au pouvoir depuis près de 20 ans, demeure le grand favori du scrutin qui se tiendra dimanche.

REUTERS- Fort d'un développement économique soutenu, le parti du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi se dit sûr de remporter une victoire sans appel aux
élections législatives qui ont lieu dimanche dans ce pays de la Corne de l'Afrique.

L'opposition reconnaît avoir peu de chances de l'emporter mais en attribue la raison au renforcement de l'emprise et des contraintes qu'exerce le parti de Meles sur le pays et sur ses adversaires depuis les élections de 2005, entachées de violence.

En 2005, une alliance d'opposition avait contesté la victoire du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) et des émeutes avaient éclaté dans la
capitale, Addis-Abeba. Les forces de sécurité avaient tué 193 manifestants et sept policiers avaient aussi trouvé la mort.

Selon des observateurs, le FDRPE veut à tout prix éviter une répétition de ces violences pour ne pas laisser ternir l'image de Meles sur le plan international. Le parti s'est selon eux employé à réprimer l'opposition dans le pays par l'intermédiaire
de l'appareil de sécurité et de responsables régionaux.

Cette fois, le principal défi de l'opposition vient d'une coalition de huit partis représentant différentes régions et appartenances ethniques, unis par la volonté d'évincer le FDRPE.

Il n'y a guère eu de débats politiques avant le scrutin, qui est quasiment considéré comme un référendum sur Meles et le FDRPE, au pouvoir depuis près de deux décennies. Cette période a connu un retour à la stabilité et un net essor économique après une brutale dictature communiste de dix-sept ans.

Tension dans deux régions

"Ce ne sont pas des élections spectaculaires ni excitantes comme ce qu'on a pu voir en Afrique ces deux dernières années", note Mehane Tadesse, économiste et responsable de presse. "Il y a une sorte de silence dans la capitale. En partie parce que les résultats sont plus ou moins connus d'avance et que le passé est
très lourd, surtout le souvenir des dernières élections."

L'Ethiopie reste tributaire de donateurs occidentaux pour l'alimentation de près de 10% de sa population mais le gouvernement a beaucoup investi dans les infrastructures routières, l'eau, l'électricité et l'éducation.

Si le calme prévaut dans la capitale, de vives tensions se font néanmoins sentir dans deux régions - l'Oromie, bastion de l'opposition, et le Tigré, où Meles doit relever pour la première fois un défi venant d'anciens alliés.

L'Oromie est la terre des Oromos, premier groupe ethnique d'Ethiopie qui représente 27 des 80 millions d'habitants du pays. C'est aussi de là que vient l'essentiel du café de l'Ethiopie, qui en est le premier producteur africain.

Les analystes jugent l'Oromie de première importance pour l'avenir du pays d'Afrique subsaharienne le plus peuplé, dans lequel Washington voit son meilleur allié régional et qui attire de plus en plus d'investissements extérieurs. Les deux camps se jugent visés par des meurtres à caractère politique commis ces deux dernières semaines en Oromie, où les forces de sécurité intensifient leurs patrouilles.

Au Tigré, le FDRPE fait face à d'anciens membres du parti en désaccord avec Meles sur la politique économique et l'attitude à adopter envers l'Erythrée, pays voisin qui entretient des relations très tendues avec Addis-Abeba.

Une guerre liée à un différend frontalier a opposé l'Ethiopie et l'Erythrée de 1998 à 2000, faisant plus de 80.000 morts. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a accusé l'Erythrée de projeter des opérations "terroristes" pour perturber les élections.