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L'interdiction du voile intégral, un "chemin exigeant mais juste" pour Nicolas Sarkozy

Le gouvernement a examiné le projet de loi interdisant le port du voile islamique intégral en Conseil des ministres. Pour le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, il s'agit d'"un chemin exigeant, mais [d']un chemin juste".

AFP - Nicolas Sarkozy a estimé mercredi en ouverture du Conseil des ministres que le gouvernement avait choisi avec le projet de loi sur l'interdiction du voile intégral un "chemin exigeant, mais un chemin juste", selon le texte de son allocution rendu public par l'Elysée.

"Dans cette affaire, le gouvernement emprunte, en conscience, un chemin exigeant mais un chemin juste", a estimé M. Sarkozy lors de cette déclaration précédant la présentation du texte de la Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie.

"Nous sommes une vieille nation rassemblée autour d'une certaine idée de la dignité de la personne, en particulier de la dignité de la femme, autour d'une certaine idée de la vie en commun. Le voile intégral qui dissimule totalement le visage porte atteinte à ces valeurs, pour nous si fondamentales, si essentielles au contrat républicain", a-t-il ajouté.

"La dignité ne se divise pas (...) la citoyenneté doit se vivre à visage découvert. Dès lors, il ne peut y avoir, en définitive, d'autre solution que l'interdiction dans tout l'espace public", a également plaidé le chef de l'Etat devant le gouvernement.

Après quasiment un an de débats controversés, le projet de loi du gouvernement interdit totalement le port du voile intégral dans l'ensemble de l'espace public. Les contrevenantes s'exposeront à une amende de 150 euros et/ou un stage de citoyenneté. Maris ou concubins obligeant leurs compagnes à se voiler risquent un an de prison et 15.000 euros d'amende.

L'interdiction et les sanctions n'entreront en vigueur qu'au printemps 2011, après six mois de "pédagogie".

Evoquant les "diverses objections possibles" au texte de loi, notamment celles émises par le Conseil d'Etat, Nicolas Sarkozy a répondu qu'il "appartiendra ensuite aux diverses juridictions compétentes de se déterminer en fonction de l'idée qu'elles se sont des principes fondamentaux de notre République et des droits de l'Homme".

Déjà consulté à deux reprises, le Conseil d'Etat a émis un avis défavorable, pointant du doigt de "fortes incertitudes constitutionnelles".

Le gouvernement et la majorité ont décidé de passer outre cet avis. "C'est en conscience que le gouvernement choisit la voie qui a été définie ce matin. C'est en conscience que chacun devra décider s'il l'approuve", a affirmé le chef de l'Etat.

Le texte sera présenté devant les députés en juillet, puis les sénateurs début septembre pour un débat qui s'annonce bien moins consensuel que la "résolution" parlementaire votée à la quasi-unanimité le 11 mai à l'Assemblée.

UMP et PRG approuvent ce texte, les centristes sont divisés. Une bonne partie de la gauche redoute une "stigmatisation" des musulmans, tout comme les représentants de l'islam en France.