
Après avoir échoué à installer un vaste dôme de confinement, BP peine à trouver de nouvelles solutions pour contenir la fuite de pétrole qui souille le golfe du Mexique. La compagnie veut désormais tenter de poser un "couvercle" plus petit.
AFP - Le géant pétrolier BP et les autorités américaines étaient désespérément en quête lundi de solutions pour stopper l'hémorragie de brut dans le golfe du Mexique, n'excluant plus certaines méthodes farfelues après l'échec de la pose d'un vaste "couvercle".
La compagnie va descendre dans les jours qui viennent un nouveau "couvercle", plus petit que celui qui a dû être retiré samedi, sur la fuite de pétrole qui se répand au rythme de 800.000 litres par jour au fond du golfe.
BP avait placé tous ses espoirs dans la pose vendredi d'une sorte d'entonnoir d'acier de 12 mètres de haut et d'une centaine de tonnes, afin de récupérer le pétrole qui s'échappe de son puits à 80 km des côtes américaines.
Mais le groupe a été contraint samedi de retirer cette chape en raison de la formation de cristaux similaires à de la glace. Le nouveau couvercle pourrait être installé au-dessus de la fuite principale, à quelque 1.500 m de profondeur, "dans les 72 heures", a annoncé BP.
Il s'agit d'un "système beaucoup plus petit", a expliqué Doug Suttles, directeur d'exploitation de BP. Pour éviter la formation de cristaux, de l'eau chaude et du méthanol seront injectés à l'intérieur.
Mais la petite taille du nouveau couvercle (1,5 mètre de haut pour 1,2 mètre de diamètre) signifie qu'il "sera moins efficace" pour contenir le pétrole, a prévenu le directeur général de BP, Tony Hayward.
BP, exploitant de la plateforme dont le naufrage a provoqué la catastrophe, craint de devoir assumer un désastre écologique plus important que prévu si ses efforts sont vains. La marée noire lui a déjà coûté 350 millions de dollars, et la somme pourrait s'évaluer au final en milliards.
Dans la salle ultra-sécurisée de la Maison Blanche destinée aux situations d'urgence, le président Barack Obama s'est entretenu de la situation lundi avec ses secrétaires à la Défense, à la Sécurité intérieure, à l'Energie et à l'Intérieur, en présence notamment du chef d'état-major interarmées.
Le président a insisté sur la nécessité de consulter "des experts indépendants" et "que tous les points de vue s'expriment pour identifier des solutions", précise un communiqué qui rappelle aussi que "BP paiera tous les coûts pour mettre fin à cette pollution et à la nettoyer".
Du reste, BP envisage d'autres solutions, plus étonnantes pour colmater la fuite, allant jusqu'à solliciter les idées de M. Toutlemonde sur le site deepwater horizonrespeonse.com.
L'amiral Thad Allen, chargé de coordonner les opérations, a ainsi annoncé que BP prévoyait "d'injecter sous très haute pression un tas de débris, des morceaux de pneus, des balles de golf et d'autres choses du même genre pour stopper la fuite".
M. Suttles a confirmé lundi que cette méthode insolite qu'il a présentée comme une "injection de cochonneries" était envisagée, mais qu'il faudrait deux semaines pour pouvoir la mettre en oeuvre.
BP a aussi entrepris de créer un puits de secours pour boucher définitivement le puits principal mais les forages vont prendre près de trois mois. Le groupe a aussi commencé lundi, pour la première fois, à injecter des produits chimiques dispersants directement à l'endroit de la fuite.
Ces solutions expérimentales pourraient toutefois se révéler dramatiques, des experts ayant mis en garde contre le risque d'endommager la structure et de multiplier la fuite par 12.
Une association (www.matteroftrust.org) a eu l'idée de récupérer des cheveux dans tout le pays pour remplir des bas utilisés comme éponges à pétrole. Quant à la police de Floride, elle suggère d'utiliser des ballots de paille pour protéger les plages.